Jusque-là, la famille Adrar du village Mouzaia, commune de Boukhlifa, wilaya de Bejaia, savait que son fils Hocine Adrar, surnommé par ses compagnons d'armes « Moustache », était mort pour la patrie à l'orée de l'été 1958, mais ne savait pas où il était exactement enterré. Lors d'une fortuite rencontre entre un membre de cette famille et le moudjahid Hocine Chabi dit « Chapi », originaire de la ville de Derguina dans la wilaya de Bejaia, que « Chapi » avait déclaré avoir connu et eu sous ses ordres en sa qualité de chef d'un commando un certain Adrar Hocine. « On le surnommait Moustache en raison de sa grosse et touffue moustache qui lui cachait la lèvre supérieure », dira-t-il. De fil en aiguille, il donnera les détails et les circonstances de la mort de Hocine Adrar Une telle rencontre a été pour ainsi dire du pur bonheur de ce membre de la famille Adrar d'autant que « Chapi » savait aussi où reposait son parent Hocine en déclarant qu'il était mort les armes à la main au village de Ighil Arrous, dans la commune d'Aït Mahmoud dans la wilaya de Tizi Ouzou. La famille a été de suite informée de cette nouvelle et le contact maintenu avec « Chapi ». Rendez-vous a été pris pour fixer les modalités du « pèlerinage » vers Ighil Arrous. C'est ainsi que toute la famille Adrar du douar de Boukhlifa s'était déplacée avant-hier mardi en compagnie de Hocine Chabi. Ce dernier, malgré son âge avancé (80 ans)s'est rappelé dans les détails de cette bataille au cours de laquelle, son commando avait résisté farouchement à l'armée coloniale. « C'est à notre retour d'une mission d'acheminement d'armes de Tunisie au mois de mai 1958 que nous sommes tombés nez à nez avec l'armée coloniale. Ce fut une féroce bataille où les Français ont dû fait appel à leurs forces héliportées », dira-t-il. Il marquera un moment avant de poursuivre, ému juqu'aux larmes, sa narration. « Treize de mes compagnons et amis avaient péri dans cette bataille alors que 26 autres furent blessés ». Puis, il s'est dirigé vers un endroit en contre bas du village. « C'est là où a été mortellement tteint votre cousin l'Hocine non loin de cette maison qui nous avait servi de refuge ». Après une autre halte, il reprendra son récit : « Alors que les maquisards, encerclés par les soldats de l'armée coloniale, ripostaient à l'assaut des sbires du sinistre chef de la SAS de Béni Douala, Audinot, les femmes de ce village les encourageaient en poussant des youyous ». Hocine Adrar, qui a rejoint le maquis en 1956 alors qu'il n'avait que 27 ans, aura désormais son nom sur cette plaque commémorative où sont gravés les noms des martyrs du village avec une mention en son bas « gloire aux 30 autres chahid inconnus morts dans le village ». Parmi ces derniers, on sait désormais qu'il y a les chahid Adrar Hocine mais aussi Zaïdi Hocine et un certain Laâmri dont se rappelle Hocine Chabi dans son récit. En effet le fils du chahid Mouhand Oulmouloud, compagnon de combat du moudjahid Chabi Hocine, un citoyen du village, a promis au moudjahid Chabi Hocine et à la famille Adrar d'inscrire les noms des deux chahid identifiés sur la plaque commémorative du monument des martyrs du village.