Mustapha Boudina, président de l'Association des condamnées à mort, a souhaité que ce cinquantenaire de l'Indépendance soit le signe de « la reconnaissance même à titre posthume pour les 217 Algériens qui sont morts sous la guillotine ». M. Boudina, également sénateur, a saisi l'occasion de cette date historique pour demander, dans une lettre adressée au président de la République, que les anciens condamnés puissent « aussi bénéficier du statut de cadre de la nation, reconnu aux autres catégories ». « Nous ne cesserons de revendiquer ce statut », a-t-il ajouté hier dans une conférence de presse au siège de l'Association, à Alger. Quelques témoins ont tenu à rappeler la situation socioprofessionnelle de ceux qui ont fait don de leur vie pour que vive l'Algérie, indépendante, que ce soit au plan des ressources ou du logement dont ils n'ont pu bénéficier « depuis 1962 à ce jour. » Pour l'Association, il ne fait pas de doute que les condamnés à mort sont aujourd'hui « marginalisés » citant aussi bien le FLN qui les a invités seulement en tant qu'« observateurs » à son dernier congrès ou encore l'ONM, organisation censée les représenter. Dans toutes les régions d'Algérie, c'est tout un programme de festivités, mais seule la wilaya d'Oran a prévu une cérémonie pour honorer notre catégorie », déplore-t-il. Revenant sur la question de l'écriture de l'Histoire, l'Association dénonce ceux qui l'utilisent comme « fonds de commerce », s'insurgeant du coup contre « les manipulations auxquelles s'adonnent les auteurs » qu'il s'agisse de cinéastes ou d'écrivains. Nous ne sommes pas des « moutons », fulmine l'ancien détenu de la prison de Lyon, condamné à mort. Pour ce rescapé de la guillotine, certains scénarios et celui écrit sur Ahmed Zabana n'ont pas associé ou consulté ceux qui ont côtoyé ou approché les personnages. « Seuls ces derniers peuvent dire la vérité », selon lui. « Nous avions un scénario pour un film, mais la commission de lecture, du ministère l'a destiné « pour un documentaire, ce que nous avons refusé », ajoute M. Boudina. L'Association a, pour rappel, de précieux documents. Elle a pu disposer du livre du bourreau d'Ahmed Zabana, Meissonnier qui donne des « détails importants et peuvent être amplement vérifiés », indique M. Boudina.