Les partis politiques se rejoignent sur la nécessité du travail de mémoire à effectuer à l'évocation des relations algéro-françaises, si l'on sait que le FLN et le RND s'inscrivent d'emblée dans la logique gouvernementale, classant cette question dans le registre des prérogatives du Chef de l'Etat, seul habilité à trancher les dossiers diplomatiques du pays. Dans sa lettre adressée à son homologue français, François Hollande, à l'occasion de la fête nationale de son pays, le Président Bouteflika a estimé que le moment est venu de faire un examen « lucide et courageux » du passé entre les deux Etats, de façon à renforcer les liens d'estime et de coopération bilatérale. Sans toutefois oublier d'évoquer les « blessures » qui ont résulté de la période coloniale, Abdelaziz Bouteflika a relevé dans ce sens qu'il faudrait « exorciser » le passé et se tourner vers l'avenir qui doit être fait « de paix, de prospérité et d'amitié ». D'ailleurs, Kassa Aissi membre du bureau politique du FLN en charge de la communication a clairement cautionné les propos du président de la République en disant que son parti « soutient la démarche de Abdelaziz Bouteflika plaidant pour une coopération bénéfiques pour les deux Etats ». Dans ce sens, il relève que seul le Chef de l'Etat est apte à délimiter les contours de la politique extérieur du pays. Même son de cloche de la part du porte-parole du RND, Miloud Chorfi. « Notre avis reflète la position de la diplomatie du gouvernement algérien », s'est-il contenté de dire. Côté islamistes, l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) qui regroupe le MSP, El Islah et Ennahda envisage de passer à la vitesse supérieure pour faire valoir la revendication de la repentance et de la criminalisation du colonialisme. Par la voix de Naamane Laouar, président du groupe parlementaire de l'AAV contacté hier par téléphone, elle annonce qu'un projet dans ce sens est en phase de préparation. « Il sera proposé par les trois partis dés l'entame de la session parlementaire d'automne », indique le député. Il estime à ce titre que trouver un terrain d'entente avec la France officielle est tributaire d'un travail de mémoire passant inéluctablement par la présentation d'excuses de la France pour les crimes perpétrés durant la guerre de libération. « Il faut s'entendre sur les points de départs pour arriver à des conclusions qui arrangent les deux parties », estime-t-il en rappelant dans cette optique que les officiels français doivent d'abord comprendre que le colonialisme est « un fait négatif et non pas positif ». Et d'enchaîner : « La période coloniale est une phase de notre vie qu'on ne peut oublier. Et là, nous disons que le passé et l'avenir doivent se compléter pour des intérêts communs ». M. Laouar précise, de ce fait, que si le FLN ne compte pas actualiser son initiative concernant la criminalisation du colonialisme soumise l'année dernière au gouvernement, il sera dans l'obligation de rebondir sur cette question « existentielle » pour l'AAV. Le FLN avait déclaré à ce sujet que le Parlement avait assumé ses responsabilités en proposant un projet de loi sur la criminalisation du colonialisme que de nombreuses formations politiques ont cautionné. La balle est dans le camp du gouvernement, a-t-il estimé.