A la gare des Grands invalides de guerre de Caroubier (Alger), l'affluence est souvent grande ces derniers jours. « On dirait que tout le peuple algérien passe par là », ironise un passager. Certains voyageurs doivent patienter des heures entières dans le grand hall de la gare. Mis à part la destination Tizi Ouzou, où trois bus doivent quitter les quais chaque quart d'heure, les autres destinations manquent sérieusement de moyens de locomotion. Certes, il y a des receveurs qui guettent les clients à l'entrée de la gare qui annonce les destinations à la criée, mais les voyageurs dénoncent l'anomalie suivante : même si ces receveurs arrivent à remplir toutes les places du bus, le véhicule ne doit en aucun cas quitter Alger avant l'heure prévue pour son départ. C'est le cas d'un jeune étudiant à destination de Guelma. « Voilà, j'ai réservé ma place à 10h et le bus ne démarrera qu'à 17h même si tous les tickets sont écoulés à 12h 30 », regrette-t-il. Un quinquagénaire avec sa lignée veut se rendre à Jijel pour passer quelques jours auprès de la mer. Il est dans la salle d'embarquement depuis près d'une heure. « Nous sommes en train d'attendre un autre bus », a-t-il indiqué. Selon son témoignage, il a refusé de monter dans « deux bus partis précédemment, faute de commodités ». LA STATION DE TAXIS INTER WILAYAS N'A RIEN D'UNE STATION A quelques encablures de cette gare routière, se trouve la station taxi inter wilayas. Les voyageurs se comptent par centaines en ce jour de canicule. La question de commodités s'est posée depuis la délocalisation de la station en novembre 2010, à partir du Square Port-Saïd, d'Alger centre. Les usagers ne trouvent aucune commodité : tout juste quelques abribus abîmés qui, souvent sont occupés par les conducteurs de ces 400 taxis ou encore et c'est souvent le cas, par des malades mentaux. « A la station taxi de la rampe Magenta, il suffit, en descendant du taxi, de remonter les escaliers de la gare pour se retrouver à l'abri au square Port-Saïd », a indiqué un homme, trempé de sueur, qui prend le bus de la place de martyrs pour aller à la gare routière. A 15h, les voyageurs se bousculent dans les quelques sanitaires et la seule buvette ouverte. « L'endroit est livré aux quatre vents. La chaleur caniculaire n'arrange pas les choses. L'atmosphère est insupportable été comme hiver », se désole Chabane, un habitué des lieux. « Arrivé de Bordj Bou Arreridj, je dois, assure-t-il, prendre un taxi pour Oran, mais l'attente s'avère longue si les chauffeurs de taxi ne remplissent pas leur voiture ». Un autre voyageur, venu de Tébessa indique que « le trajet a été un calvaire. Le chauffeur, un fou furieux, a failli provoquer plusieurs accidents. Si je suis encore vivant, c'est seulement grâce à la volonté de Dieu », a-t-il indiqué. Les voyageurs venant de l'Est ou de l'Ouest souffrent davantage, surtout s'ils doivent prendre une correspondance et dont certains arrivent à minuit ou une heure du matin. Ce sont les chauffeurs qui les laissent dormir dans leurs véhicules. Auparavant, les voyageurs passent la nuit dans les hôtels du square. LA SNTF POURRAIT FAIRE MIEUX Les voies ferrées sont également convoitées par les estivants. Selon un responsable de la station Agha, la destination Ouest du pays est plus rentable par rapport à celle de l'Est. « Les wagons diffèrent ». Selon ses explications, les trains qui font la liaison Alger-Oran ont été rénovés. Ces trains électrifiés sont dotés d'un confort exceptionnel et fonctionnent en régime mixte, électrique et Diesel. Devant nous justement, un jeune homme est habitué du trajet. Interrogé sur les conditions de voyage, il indique qu'« en plus de la sécurité, ce moyen de transport est climatisé. Mais les trains sont souvent en retard, un retard qui dépasse parfois une heure de temps ». Il affirme qu'« au lieu de faire 210 minutes de trajet, ces moyens de locomotion font le trajet en 240 minutes ». « Du pareil au même, c'est kif kif, ni le train fonctionnant au diesel ni le train électrique ne sont arrivés à mettre fin à notre calvaire. Certes, ce moyen de locomotion est confortable, mais il ne roule pas à une vitesse rapide », a indiqué un autre voyageur. Les trains en partance vers Annaba sont anciens. Ils attirent moins de clients et assurent la liaison pendant la nuit. Les voyageurs sont souvent confrontés aux problèmes d'insécurité, notamment les jets de pierre et la dégradation des wagons. VOYAGE PAR BATEAU, JOINDRE L'UTILE À L'AGREABLE Qu'en est-il dans l'aéroport Houari-Boumediene ? Les usagers de la compagnie nationale Air Algérie ne supportent pas les supplices des trajets et les retards. Les voyageurs qui attendent l'heure de l'embarquement sont à l'abri dans les halls climatisés. Ici, un groupe de chinois, en provenance d'Ain Defla, sont assis au sol et attendent leur départ sur Tamanrasset, prévu à 21h. « Nous pensons déjà à la façon de récupérer une journée de travail », a indiqué le chef de la délégation. Dans le couloir ‘'arrivée'', certains trouvent que le voyage était formidable alors que d'autres déplorent le retard enregistré. Ce qui est navrant, c'est ce qui vient après la sortie du hall où la température avoisine les 36°C en cette journée de fin du mois de juin. Devant le hall, il y a les taxis qui proposent leurs services à 700 DA pour des courses au centre d'Alger et 500 DA pour la gare routière d'Alger. Il y a aussi des bus qui font la rotation aéroport Houari-Boumediene - Alger centre toutes les heures. Mais, en général, ceux qui prennent l'avion, que ce soit pour les lignes intérieures ou internationales, ont des véhicules qui les attendent à l'extérieur. Idem dans le port d'Alger, on ne souffre pas vraiment du problème du transport. Les émigrés qui reviennent pour passer les vacances en Algérie, viennent dans la majorité des cas avec leurs propres véhicules. Les autres ont pratiquement tous quelqu'un qui les attend pour la destination voulue.