L'aiguille de l'horloge s'approche de l'heure de l'iftar. Alors que les mamans vérifient que la table est bien mise et que rien ne manque au repas de la famille, les jeûneurs impatients attendent l'appel sacré à la prière du Maghreb. Les enfants se tiennent devant la fenêtre, alors que les plus âgés attendent l'appel à la télévision ou à la radio. Même les téléphones portables sont dotés d'une application d'appel à la prière « qui ne faillit jamais », selon leurs utilisateurs. Tant de médias existent, aujourd'hui, pour annoncer la rupture du jeûne. « Autrefois, nous patientions jusqu'à ce qu'on entende el Adhan, et dans les douars et villages, les habitants attendaient jusqu'à la tombée de la nuit pour être sûrs de l'heure de la rupture du jeûne », se rappelle Mouloud, poussant une charrette d'herbes aromatiques qu'il espère vendre avant que le soleil les abîme. Dans le vieil Alger, la tradition voulait que le coup de canon soit donné pour annoncer l'iftar. Dans certaine régions, tel que Ténès, cette tradition persiste jusqu'à présent. Certains attendraient même le coup de canon plus que l'appel du muezzin pour s'attabler. Cette tradition léguée par l'empire ottoman avait une raison bien pratique. « A cette époque, les mosquées n'existaient qu'au sein d'Alger intra-muros et l'appel de la prière ne se faisait pas entendre au loin », explique Mouloud. Le coup de canon à l'heure de la prière d'El Maghreb était une sorte de signal pour la banlieue immédiate de la ville assiégée. Les petits villages qui entouraient Alger et qui font aujourd'hui partie de la grande ville, s'appelaient « Diar El Fahs ». Par l'appellation de « Diar El Fahs » on désignait les fermes qui entouraient et approvisionnaient la ville tel que Bouzaréah, Birkhadem ou encore S'haoula.