Alors que ces techniciens venus d'ailleurs se comptaient sur les bouts de doigts d'une seule main lors des précédents exercices, cette saison, ils seront encore plus nombreux. En effet, sur les seize clubs de la ligue Une professionnelle, huit sont drivés par des entraîneurs étrangers. Des coaches de différentes nationalités. Le doublé réalisé par le Suisse Alain Geigger, l'année dernière, avec une formation de l'ESS tout juste moyenne techniquement, n'a fait qu'accélérer les choses. Les Français sont majoritaires. Ils sont au nombre de quatre à savoir Roger Lemerre (CS Constantine), Patrick Liewig (MC Alger), Alain Michel (JSM Bejaia) et Hubert Velud (ES Sétif). On compte aussi deux Italiens en l'occurrence, Enrico fabro (JS Kabylie) et Guglielmo Arena (CR Belouizdad). Mais il y a aussi un Argentin, Miguel Gamondi (USM Alger) et un Belge, Luc Eymael (MC Oran). En ligue deux, l'USM Annaba a fait confiance au Suisse Zermatten, alors que le MOC a fait appel au Brésilien Alves. Par ailleurs, il est utile de rappeler que l'EN est dirigée par le Franco-Bosnien Vahid Halilhodzic et que les sélections U20 et U17 sont confiées au Français Jean Marc Nobello. Le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur puisqu'il gagne même les autres disciplines à l'image du volley-ball, du Taekwondo et du basket-ball. Il provoque, par là même, le débat et surtout l'exaspération des techniciens algériens qui se voient ainsi marginalisés. Certains, favorables au recrutement d'entraîneurs étrangers, estiment que c'est l'effet de la mondialisation et que l'apport de ces techniciens ne peut que faire progresser notre sport roi. D'autres, partisans du produit local, restent plus ou moins sceptiques. S'appuyant sur le fait que les clubs ne recrutent pas de grands noms, ces derniers voient dans le recours aux techniciens étrangers une menace pour la discipline. De leur côté les entraîneurs algériens, qui perdent de plus en plus de terrain, voient dans la démarche des présidents de clubs et de la fédération leur mise à l'écart et un manque de considération à leur égard. Selon eux, les coaches étrangers sont mieux protégés au niveau des clubs où plus souvent ; ils disposent des moyens nécessaires pour bien mener leur mission. Ils pensent aussi que la FAF fait dans le favoritisme. Alors que l'instance régissant les affaires du football national oblige les techniciens algériens à effectuer des stages de recyclage pour l'obtention de la licence CAF leur permettant de travailler au sein des clubs, quand bien même ces derniers sont titulaires de diplômes universitaires dans le domaine, celle-ci reste souple avec les entraîneurs étrangers, dispensés de cette formalité. Indicible pour les entraîneurs algériens qui ne trouvent pas le même traitement lorsqu'ils partent exercer ailleurs. Notamment en Europe ou les clubs et les structures techniques sont plus exigeants. Cela dit, ce phénomène n'est pas nouveau. Lors de la réforme sportive de 1977, les différentes associations sportives nationales, toute disciplines confondues, ont connu une arrivée massive de techniciens étrangers. Ceci s'est effectué dans le cadre de la coopération entre l'Algérie et certains pays de l'Europe de l'Est et Cuba. Ces dernière années on enregistre surtout l'arrivée de coaches français. A l'exception de Roger Lemerre, Hervé Renard ou encore Robert Nouzaret, la plupart de ces techniciens n'ont pas vraiment un CV riche. Faute de trouver un club chez eux, ils viennent tenter leur chance en Algérie. Selon une liste publiée sur le site de l'Union des entraîneurs et cadres techniques professionnels français de football (Unecatef), ils seraient plus de cent cinquante (150) coaches au chômage.