Etes-vous du genre à changer de tempérament durant le mois sacré ? Non, je ne change pas de tempérament. Bien au contraire. Le Ramadhan m'apaise et me déstresse. Je suis égal à moi-même durant ce mois, voire mieux que pendant toute l'année. Le jeûne m'apporte énormément de joie et me donne un sentiment de satisfaction intérieure, après avoir accompli un devoir religieux des plus précieux. Au plan professionnel, je suis au four et au moulin, entre mon travail de solidarité qui s'accentue durant ce mois et mes devoirs familiaux. Je fais en sorte de bien m'organiser. Mon épouse assume parfaitement son rôle qui est de nous garantir une table bien garnie, mes enfants et moi. Rien ne vaut ce sentiment d'avoir accompli un jeûne presque parfait à l'heure d'El iftar, car la perfection n'est pas de ce monde. Je ne suis pas un grand gourmand, mais j'insiste pour que la chorba soit la reine de la table. Par ces temps chauds, on boit plus que l'on mange. Quelles sont les vertus réelles du jeûne, selon vous ? Le jeûne du mois de Ramadhan est un moyen pour le musulman de se purifier de ses péchés et de gagner le pardon de Dieu. Le Prophète (prière et salut sur lui), à travers plusieurs hadiths, en a démontré les vertus. Il le cite comme un mois de bénédiction, durant lequel Allah nous enveloppe de paix et fait descendre sa miséricorde. C'est aussi le mois de la patience, et la récompense de la patience est le Paradis. Les actes louables pendant le mois de Ramadhan sont cependant la lecture du Coran, car le Prophète (QSSSL) accordait une attention particulière à la récitation du Coran durant ce mois béni. Pour ma part, j'accomplis les prières surérogatoires (tarawih) et je rentre juste après à la maison pour me coucher jusqu'au s'hour. Je tiens à respecter cette précieuse « sunna » du Prophète Mohamed (QSSSL). J'estime, cependant, que les sages ainsi que les hommes de culte ont un énorme rôle à jouer pour assagir nos jeunes, victimes de moult tentations, en leur balisant le droit chemin. Vivant constamment en communion, on se doit d'aider aussi les nécessiteux que la vie n'a pas beaucoup gâtés. En somme, on doit mettre de côté notre égoïsme et ne ménager aucun effort pour aider les autres, ne serait-ce que par un f'tour. Force est de constater que certaines personnes se focalisent sur le « comment » du Ramadhan et négligent complètement son « pourquoi ». Le mouvement associatif assume-t-il son rôle durant ce mois ? Tout ce que je peux dire c'est que les associations, en dépit de leur infime contribution, apportent, malgré tout, une aide qui n'est pas des moindres. Le travail caritatif et le bénévolat ne sont pas seulement un plaisir, mais aussi un besoin. Il faut savoir que la création d'associations engendre une prise de conscience chez les jeunes et l'envie d'appartenance à un groupe en raison du fait que les gens ont un besoin naturel d'organisation et d'action. Cela permet aussi, il ne faut pas l'oublier, de combattre l'inactivité et de redonner le sourire aux personnes dans le besoin, essayer de les soutenir, leur faire oublier leur quotidien et surtout leur prouver que même si elles sont rejetées par la société, on sera là pour elles. La création ou l'adhésion à une association n'est pas seulement avantageux pour celui qui reçoit, mais également pour celui qui donne, ne serait-ce que pour en tirer une certaine fierté.