C'est donc le jour même de l'Aïd que la violence a ressurgi pour frapper durement la capitale libyenne, endeuillée par un double attentat à la voiture piégée qui a fait deux morts et quatre blessés. L'avenue névralgique, Omar-Mokhtar, a été fermée à la circulation, tandis que des points de contrôle ont été installés sur les principales artères de la capitale, qui renoue ainsi avec le climat de tension et d'insécurité. Les autorités libyennes pointent du doigt les partisans de Kadhafi. « Il s'agit de la cellule dormante dont plusieurs membres n'ont pas pu être arrêtés », a affirmé le colonel Ali Chérif, le chef de la sécurité de Tripoli. La menace est persistante. Au tout début du mois d'août, des hommes, soupçonnés de préparer des attentats à la bombe, avaient été tués au cours d'une opération lancée par les forces de sécurité près de la capitale. Mais, dans ces premiers attentats perpétrés depuis la chute du régime de Kadhafi, en octobre dernier, l'identité de ce groupe n'est mise en avant. « Les explosifs et la méthode utilisés dans l'attaque sont les mêmes », relève le colonel Ali Chérif. Un responsable du comité suprême de sécurité a reconnu que des « liens ont été établis entre ce groupe et les attaques » commis près des bâtiments du ministère de l'Intérieur et de la Sécurité. Il a annoncé l'arrestation de 32 personnes qualifiées de partisans kadhafistes. La flambée de violence intervient au moment où la transition politique s'organise pacifiquement. L'élection de l'islamiste modéré, incarnant l'opposition au régime de Kadhafi, a fait nourrir l'espoir d'une sortie de crise et de la stabilisation de la Libye, minée par les antagonismes tribaux, régionaux et identitaires. L'arrivée de Mohamed El Megaryef, plébiscité à la tête du congrès général national, a mis fin à la période d'incurie et d'impuissance du CNT, discrédité et laminé par la montée en puissance des milices imposant leur diktat dans leurs zones d'influence respectives, de Misrata à Zenten, en passant par Tripoli. La transition est confrontée au défi de la stabilité à plusieurs inconnues : le désarmement pour faire de l'Etat le seul détenteur légal de la force, le retour aux foyers des 660 000 réfugiés et des 200 000 déplacés et la lutte contre la violence endémique. L'épreuve sécuritaire n'est pas chose aisée. Car, pour le vice-ministre de l'Intérieur, Omar El-Khadhraoui, nous faisons de notre mieux. « Nous ne pouvons pas faire plus ».