L'Italie gère ses «immigrés clandestins» depuis le drame raconté par les cinq Erythréens recueillis au large de l'île de Lampedusa, avec une des lois les plus restrictives d'Europe : les sans-abris sont listés et leur registre est géré par le ministre de l'Intérieur. Pour donner une plus grande portée à sa décision, elle demande à l'Union européenne d'en faire autant. Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, «l'Europe doit considérer la question de l'immigration comme un problème européen. Elle doit commencer une véritable distribution des immigrés qui arrivent sur les côtes maltaises ou italiennes, pas seulement en Italie où à Malte mais dans beaucoup d'autres pays». La présidence suédoise de l'Union européenne a promis hier de nouvelles propositions d'ici la fin du mois d'octobre. Les séjours illégaux en Italie sont un délit depuis samedi dernier, date de la publication dans le Journal officiel de cette loi sur l'immigration clandestine, adoptée par le Parlement italien début juillet. Ils sont punis d'amendes (5 000 et 10 000 euros) et une expulsion à la clé. Cette loi qui organise une chasse aux clandestins, prévoit la mise sur pied d'un registre des sans-abris, des peines de prison jusqu'à 3 ans tous ceux qui hébergent des clandestins et des… rondes non armées de citoyens pour surveiller les quartiers des grandes villes au niveau national. Notamment Rome, Bologne et Milan, où des délits seraient perpétrés par des étrangers. Prétextes évoqués pour justifier ce durcissement, l'enregistrement en 2008 de 36.900 migrants par la mer, soit une hausse de 75% par rapport à 2007 et le drame des cinq Erythréens rescapés d'une embarcation clandestine entre la Libye et l'Italie. Selon ces derniers, 73 de leur compagnons (55 hommes et 17 femmes) sont morts durant leur odyssée et une dizaine de navires les ont croisés sans s'arrêter. Le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, ne croit pas en la «version fournie» par les rescapés de ce naufrage, le plus grave depuis 1996, lorsque 300 personnes avaient disparu en mer. Maroni qui est de la Ligue du Nord, le parti instigateur de cette nouvelle loi présentée une des plus importantes avancées européennes dans la lutte contre l'immigration, la criminalité et la défense de l'identité, a demandé l'ouverture d'une enquête. Tout comme l‘opposition qui ne croit pas en l'existence de consignes particulières. Les organisations de défense des droits de l'Homme, qui ne semblent faire confiance ni au gouvernement ni à l'opposition, sont montées au créneau. Elles demandent le respect de la dimension humaine de ce phénomène et l'octroi aux candidats à l'immigration clandestine des mêmes droits à l'aide et à l'assistance que ceux auxquels prétendrait n'importe quel être humain. Pour calmer les «Ong» et faire taire les grandes familles qui «utilisent» les sans-papiers venus tout droit de l'Est, d'Ukraine et de Moldavie, Rome a inventé une exception sur mesure à sa loi sécurité : toutes les aidantes-soignantes (300.000 environ) pourront être régularisées en septembre, sur demande de ceux qui les emploient, à condition d'être employées depuis au moins 3 mois. Pour les sans-papiers exclus de cette opération «humanitaire», la chasse à l'homme est donnée.