L'Afrique, un continent constitué aux deux tiers de déserts ou de terres arides, s'inspire de la muraille verte de Chine, qui s'étend de l'extrême Nord-est du pays à l'extrême Nord-Ouest, sur 4500 km, pour lutter contre la progression des dunes de sables, un phénomène qui accélère avec le réchauffement climatique. Onze pays africains, se sont entendus jeudi, Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, pour réanimer à N'Djamena, la capitale tchadienne, le projet de la « grande muraille verte », lancé il y a cinq ans à Ouagadougou, Burkina Faso, et, entériné deux ans plus tard par l'Union africaine, pour enrayer la dégradation de la terre, l'avancée du sable qui grignote les terres fertiles et barrer la route à la pauvreté dans la bande sahélienne qui est touchée par une grave crise alimentaire, la pire des 30 dernières années. Large de 15 km en moyenne, cette bande de verdure qualifiée par Abdoulaye Wade, le président sénégalais du « plus grand chantier de l'humanité de l'époque contemporaine », s'étendra de Dakar à Djibouti, soit sur un tracé de plus de 7100 km. «La grande muraille verte est un projet conçu par les Africains pour les Africains et pour les générations futures. C'est une contribution de l'Afrique à la lutte contre le réchauffement climatique » déclare le président tchadien Idriss Deby Itno, en ouvrant ce sommet consacré à ce méga projet dit « GMV » devant les présidents des onze pays (Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad). Selon la déclaration du Sommet de N'Djamena « la GMV devrait voir le jour d'ici 3 à 5 ans selon les pays ». Son maitre d'œuvre ? L'Agence Panafricaine qui sera dirigé pendant les deux prochaines années à parti de Dakar par le professeur Abdoulaye Dia. Avec quels moyens ? Le Tchadien ne donne aucune indication. L'Afrique qui est l'un continents les plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique paiera t'elle une facture dont elle n'est pas responsable ? Des cinq continents, elle est celle qui émet le moins de gaz à effets de serre. La FAO a mis 460.000 dollars pour le démarrage de l'initiative de la 'Grande muraille verte' dans cinq pays : Djibouti, Ethiopie, Mali, Niger et Tchad. L'Union européenne 1,5 million de dollars dans 8 autres pays. Le Fonds pour l'environnement mondial promet 119 millions de dollars. « Au-delà du financement direct qui varie en fonction du pays et qui va de 6,6 millions à 23 millions dollars, le Fonds pourra servir de catalyseur pour encourager d'autres bailleurs à s'intéresser à la Grande muraille verte » affirme Monique Barbut, sa présidente souhaitant l'implication des pays du Sahel dans ce projet. Notamment les pays du bassin du Congo, le deuxième poumon de la planète après l'Amazonie. Selon toute vraisemblance, le financement de cet espace de 15 millions d'hectares, soit 1, 5 milliard de dollars, pourrait être assuré par le NEPAD (New Partnership for Africa's Development). Certains spécialistes sont sceptiques. Comme Emmanuel Seck, le chargé de la lutte contre la désertification au sein de l'ONG Enda qui se demande pourquoi les « onze » pays n'ont pas songé à harmoniser à leurs programmes d'action nationaux de lutte contre la désertification. D'autres s'interrogent sur le coût élevé de ce projet hors normes, la rareté de l'eau au Sahel où la moyenne des précipitations varie de 100 à 400mm/an et la saison sèche dure plusieurs mois.