« Je félicite le gouvernement (algérien) pour son système de réparation destiné aux familles des victimes (de la tragédie nationale, ndlr), basé sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale », a indiqué Mme Pillay lors d'un point de presse animé à la résidence El Mithak à au terme de sa visite de trois jours en Algérie. Soulignant que la question des personnes disparues demeure « très sensible », elle a exhorté le gouvernement algérien à « prendre d'autres mesures pour leur fournir (aux familles des victimes) plus d'informations sur le sort des membres de leurs familles ». Dans le même sillage, elle s'est dit « heureuse » d'apprendre que le gouvernement algérien a décidé d'accepter la demande de l'organe indépendant d'experts de l'ONU (groupe de travail sur les disparitions forcées ou volontaires), d'effectuer une visite en Algérie pour, a-t-elle expliqué, « donner des conseils sur la façon de gérer la question difficile et profondément tragique des disparus ». Elle a « souhaité » que cette visite intervienne « rapidement » et « sans conditions préalables ». Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a affirmé, hier, que l'Algérie n'avait « strictement rien à cacher » et qu'elle était « prête à fournir » au Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme « toutes les explications qu'elle demande » sur la question des disparus. « Nous n'avons strictement rien à cacher. Nous sommes prêts à livrer à notre interlocutrice toutes les explications qu'elle demande et tous les éclaircissements qu'elle est susceptible de nous demander, relativement à cette question qui est une question douloureuse », a déclaré Me Ksetini à la chaîne III de la Radio nationale. « C'est une question sur laquelle nous avons beaucoup travaillé et à laquelle l'Etat algérien a apporté une solution. Peut-être que ce n'est pas une solution totale, mais en tout cas, c'est la plus grande partie de la solution » qui y a été apportée, a-t-il estimé. Pour lui, les organisations onusiennes avaient fait une erreur d'appréciation, en considérant que l'Algérie « ne faisait pas la guerre au terrorisme, mais faisait la guerre à la population civile, ou à une opposition armée, ce qui était faux ». « Elles s'en sont aperçues tardivement, après les évènements de septembre 2001. Les choses ont pris un autre cours depuis lors, mais, (...) il faut absolument les faire revenir totalement sur leur mauvaise appréciation », a-t-il soutenu. Mme Pillay a, en outre, indiqué avoir suggéré qu'un autre expert des Nations unies, le rapporteur spécial nouvellement désigné sur « la promotion de la vérité, la justice, réparation et des garanties de non-répétition », soit invité à visiter le pays pour « aider à régler certaines questions en suspens » relatives à la période vécue par le pays dans les années 1990. Le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme a noté à cet effet qu'au cours des dernières années, l'Algérie a ouvert ses portes à plusieurs procédures spéciales (rapporteurs et groupes de travail), ajoutant que son invitation par le gouvernement algérien à effectuer la présente visite est un signe « clair » que l'Algérie « souhaite tirer profit de l'expertise internationale conçue pour appuyer les Etats dans leurs efforts pour l'amélioration de la situation des droits de l'Homme. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait souligne, lundi, lors d'une conférence de presse conjointe avec Mme Pillay que l'Algérie prenait en charge la question des droits de l'Homme « en s'appropriant l'objectif de consolidation » de ces droits, ajoutant que l'Algérie ne considère pas cela comme un « exercice imposé de l'extérieur, mais un exercice mettant en valeur les efforts à entreprendre ».