La réalité qui fonde la légitimité de la revendication sahraouie, en matière d'élargissement des prérogatives de la Minurso aux droits de l'Homme, est le fait d'une occupation coloniale qui entend imposer un mur de silence à la communauté internationale tenue éloignée des lieux du crime ou, pour le cas de la Minurso présente sur le terrain, soumise à une étroite surveillance. Au cours de la conférence de presse, tenue à l'issue de sa visite au Maroc et au Sahara Occidental (15-22 septembre), le rapporteur onusien a fait l'exégèse, sur la base de « témoignages crédibles », des cas de torture, des sévices, des pressions physiques et mentales « au cours d'interrogatoires », des agressions sexuelles et de menaces de viol sur des victimes ou les membres de leur famille... Accompagné d'un médecin légiste « indépendant et réputé », Juan Mendez a procédé à l'analyse des rapports médicaux et des examens médicaux attestant « de coups violents infligés par coups de poing et de bâtons, de l'utilisation des décharges électriques et de brûlures de cigarettes ». Le recours à l'intimidation et à l'espionnage a caractérisé la mission du rapporteur onusien qui a regretté que les rencontres avec la société civile et des victimes aient été surveillées et que son arrivée ait été scrutée par des caméras. Mais, le constat reste sans équivoque. « Bien que la pratique des traitements cruels persiste dans les affaires criminelles ordinaires, il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que les grandes manifestations, perçues comme une menace à la sécurité nationale », a-t-il précisé. Le rapporteur spécial de l'ONU a ajouté que « dans ces moments-là, l'on peut remarquer une augmentation des actes de torture et de mauvais traitements pendant la détention et l'arrestation ». Evoquant sa visite à El Ayoune, au Sahara Occidental, M. Mendez a affirmé qu'il avait été « débordé par le grand nombre de demandes à satisfaire et les centaines de cas reçus avant et après » sa visite de deux jours. Il a, toutefois, affirmé qu'il allait « examiner chaque demande dans le détail » de sorte que toute information relevant de son mandat « soit prise en compte ». Enfin, il a annoncé que le rapport de sa visite au Maroc et au Sahara Occidental sera présenté au Conseil des droits de l'Homme à Genève en mars 2013.