Depuis hier, les trains roulent au ralenti. En effet, une grève inopinée a été déclenchée par les conducteurs de train pour soutenir un de leurs collègues, qui devait passer en commission de discipline pour avoir causé une collision entre deux trains, l'année dernière à Thénia. L'accident a couté la vie à un chef de train. Une année après, la direction de la SNTF décide de statuer sur cette affaire, mais la défection du comité de participation a fait ajourner la réunion. Pour le syndicat, il n'est pas question que le mécanicien soit le dindon de la farce. « Il faudrait que l'opinion publique sache comment et pourquoi l'accident a eu lieu. Il faudrait connaître aussi dans quelles conditions les conducteurs de train travaillent. Ils effectuent, souvent, neuf heures de travail sans le moindre repos. Avec un système de signalisation défectueux, l'absence de sécurité dans les trains et sans le minimum de moyens de communication pour pouvoir intervenir rapidement en cas de difficultés, les conducteurs se retrouvent à gérer une situation catastrophique », estime M. Haroune, membre de la section syndicale, chargé de l'organique. De ce fait, le syndicaliste demande que l'enquête sur ce drame soit diligentée par la gendarmerie pour en situer réellement les causes et les responsabilités. Il avoue que tous les accidents qui ont eu lieu, ces derniers temps, ont été provoqués par des mécaniciens qui devraient partir à la retraite après plus de vingt ans de service. M. Haroune estime que vu la spécificité du métier de conducteur de train, qui nécessite une disponibilité continue et un esprit de sacrifice, un statut particulier pour cette corporation est primordial pour garantir ses droits. En outre, il accuse la direction générale de négligence du fait que la majorité des rapports envoyés par les conducteurs pour dénoncer le dysfonctionnement et les anomalies enregistrées pendant leurs missions n'ont jamais été pris en considération. Le syndicaliste exige que le chef de train soit positionné dans la dernière cabine du train et non avec le conducteur « et ce, pour éviter que le conducteur soit perturbé ». Pour M. Dakhli, directeur des ressources humaines de la SNTF, l'arrêt de travail des conducteurs est illégal. Il signale que, jusqu'à hier à 15h, aucune revendication n'a été formulée par les mécaniciens grévistes. Le DRH a fait part également de son étonnement face à cette grève spontanée des conducteurs d'automotrices, alors que la réunion de la commission de discipline n'a pas eu lieu. « Qu'ils attendent au moins les délibérations de la commission disciplinaire avant de prendre une décision. Mais avant cela, il y a le droit de recours que le mécanicien doit introduire », explique M. Dakhli. Ce dernier a, par ailleurs, présenté des excuses au nom de la direction de la SNTF aux usagers pour cette grève inattendue. Le DRH signale que la DG assure des navettes le matin et en fin d'après-midi pour garantir le transport aux travailleurs. Il note que la circulation des trains est assurée par des encadreurs et certains conducteurs qui refusent de prendre part à cette grève.