Longtemps confiné dans sa dimension nationale, opposant Bachar Al Assad aux rebelles armés, le conflit syrien est, aujourd'hui, publiquement reconnu, à travers ses portées régionales et géopolitiques. Les SG de l'ONU et de la Ligue arabe, Ban Ki-moon et Nabil Al-Arabi, et le médiateur international, Lakhdar Brahimi, ont ainsi averti, jeudi, contre le risque de transformer la Syrie en « champ de bataille régional ». Maintes fois exprimée par Damas, en raison du soutien direct de pays occidentaux et certains pays arabes à l'opposition armée, l'angoisse d'une éventuelle régionalisation du conflit reste le principal obstacle aux efforts de paix déployés, notamment pas les alliés de Damas, la Russie, la Chine et l'Iran. D'où la sonnette d'alarme tirée par les trois responsables qui se sont rencontrés, jeudi au siège de l'ONU, à New York, en marge de la 67e session de l'Assemblée générale, afin de mettre l'accent sur « la nécessité vitale pour la communauté internationale de s'unir pour soutenir le travail de M. Brahimi. « Ils craignent, si la violence continue, que la Syrie devienne un champ de bataille régional (et) la proie d'acteurs dont les objectifs n'ont rien à voir avec la crise syrienne », a expliqué le porte-parole des Nations unies, Marin Nesirky à l'issue de la rencontre des trois responsables. Moscou, qui craint la contagion dans le « chaudron » tchétchène s'en est vigoureusement pris aux pays occidentaux. Le président russe, Vladimir Poutine, les accuse d'avoir semé le « chaos » dans de nombreux pays. Conscient des liens étroits liant les djihadistes arabes et étrangers qui combattent en Syrie, une réalité admise par tous, le président russe a mis en garde ses « partenaires » américains et européens contre cette « politique désastreuse ». Ce n'est un secret pour personne : la mobilisation de djihadistes étrangers dans les rangs de la rébellion armée syrienne est d'autant plus forte qu'elle a été reconnue, y compris par les chefs de l'Armée syrienne libre qui tentent, néanmoins, de minimiser son importance. A la faveur du chaos qui règne dans le pays, un nombre croissant de djihadistes étrangers, originaires du Liban, de l'Irak ou encore d'Europe, afflue dans le pays. En conséquence, prédit un spécialiste du Moyen-Orient, Joshua Landis, « nous devons nous attendre à une prolifération des groupes radicaux ».