« je m'attends à une autre réunion au moins au cours de ce mois pour adopter éventuellement une résolution soutenant une intervention », déclare à la presse l'ambassadeur du Guatemala, Gert Rosenthal, président en exercice du Conseil. « Il faudra encore beaucoup de discussions entre les membres du Conseil eux-mêmes avant d'inviter la Cédéao à une autre réunion sur la question », conclut le diplomate guatémaltèque, prenant le soin de rappeler que « les violations des droits de l'Homme, le trafic d'êtres humains, la contrebande d'armes et le niveau dramatique atteint par la pauvreté au Mali sont devenus inquiétants au cours des dernières semaines ». Autrement dit, si les Quinze considèrent que « la situation au Mali ne doit pas durer », la demande de la Cédéao, qui ne précise pas : « qui fait quoi, quelle est l'ampleur de l'opération, à quoi elle va ressembler et quelles en sont les implications budgétaires » ne convainc pas grand monde. La France présente la situation du Nord du Mali, sur laquelle elle est en pointe, comme « une urgence ». « Notre attitude est de dire : le plus tôt sera le mieux », plaida au lendemain de la réunion sur le Sahel à New York, en marge de l'Assemblée générale, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, invitant certains pays de la Cédéao (Niger, Nigeria, Togo, Sénégal, Ghana, Bénin, Burkina Faso) à se mettre en ordre de bataille. Les Américains, qui souhaitent doter le pouvoir malien d'une légitimité électorale avant l'amorce de la reconquête du Nord, ne partagent pas cet empressement. Ils privilégient « une solution politique et diplomatique ». Même s'ils reconnaissent qu'il devra y avoir, sous l'égide des Nations unies, à un certain moment, une action militaire conduite par l'armée malienne et avec le soutien des Etats de la région et n'excluent pas de bombarder avec leurs drones les bastions de l'Aqmi. Condition posée par Washington qui n'entend pas sous-traiter le bourbier sahélien ou laisser des « troupes » occidentales s'y installer : cette action doit être « bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par les pays directement concernés ». Soit tout le contraire des espérances de Paris qui ne pense qu'à une intervention armée depuis l'appel lancé par le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra aux Occidentaux, et au premier chef la France, à intervenir militairement dans le Nord de son pays. Selon les analystes, si voter une résolution, endossée de préférence par l'Union africaine, pourrait prendre jusqu'à un mois, le déploiement graduel des troupes de la Cédéao - si bien sûr la France réussit à rallier Russie, la Chine et les Etats-Unis - ne pourra pas avoir lieu avant 2013. A en croire le Washington Post, cet éventuel déploiement pourrait être précédé de bombardements de drones l'Aqmi. Les ONG mettent déjà en garde contre les effets collatéraux d'une intervention militaire, susceptible de déclencher l'exode vers le Niger, le Burkina Faso ou la Mauritanie.