90% du budget du Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) provenaient des fonds et des dons collectés par la Fédération de France du FLN auprès de la communauté algérienne résidant dans ce pays. Considérée comme la septième wilaya, la Fédération, forte de 250 000 Algériens, a été la première organisation clandestine la mieux structurée au monde. Ce qui lui a permis de jouer un rôle important dans la guerre de Libération nationale en mobilisant les Algériens vivant dans l'Hexagone. Invité, hier, au forum d'El Moudjahid, à l'initiative de l'association Machaâl Echahid, le moudjahid Youssef Haddad, responsable au sein de cette organisation, est revenu sur le parcours de la Fédération, notamment son installation en Allemagne sous les ordres du GPRA. C'est à Cologne que les responsables de la Fédération avaient décidé de créer le troisième front pour pouvoir passer à l'action en France, à partir du 25 août 1961. Pas moins de 285 attaques et attentats ont été perpétrés contre des cibles françaises, notamment les commissariats de police, les postes de gendarmerie, les casernes... Autant d'actes suscitant des interrogations au sein de la société française. Pour les Français de l'Hexagone, il n'y avait pas de guerre en Algérie. Ils étaient convaincus que les soldats français effectuaient des opérations de police. Et c'est grâce aux démarches entreprises par le FLN, et sa Fédération en France, que l'opinion française s'est rendu compte des affres que faisaient subir les soldats français aux Algériens. Selon le moudjahid Ould Younès, aucune police au monde n'effectue des opérations avec 500 000 soldats, 200 000 CRS et 40 000 territoriaux. Pour M. Haddad, le procès du réseau Jeanson a mis a nu les visées de l'Etat français. Les militants algériens ont eu le soutien qu'il fallait auprès des intellectuels français de gauche. Le Manifeste des 121, adoptant une résolution confortant la mobilisation des Algériens de France, ont précipité les faits de révolte, notamment les manifestations du 17 Octobre 1961. Cette position des intellectuels a, selon l'intervenant, soulevé un tollé au sein de la classe politique française et a, de ce fait, divisé la gauche française. « Sympathisant du réseau Jeanson qui comptait 4 000 Français, le philosophe Jean Paul Sartre avait affirmé que si le réseau lui avait demandé de porter les valises et d'héberger les militants du FLN en France, il l'aurait fait », a témoigné le moudjahid Mohamed Gherrif dit Moh Clichy. C'est dire l'ampleur de la mobilisation que les militants au sein de la Fédération ont pu atteindre, non seulement au sein de la communauté algérienne, mais aussi auprès des Européens, les Français de gauche en particulier.