L'impact des massacres du 17 octobre 1961 à Paris sur les étrangers ayant soutenu la guerre de libération nationale a été mis en exergue, samedi à Alger, par Me Ali Haroun, ancien dirigeant à la Fédération de France du FLN. "Les événement héroïques du 17 octobre 1961 ont eu un impact sur les étrangers, amis de l'Algérie, durant la guerre de libération nationale", a indiqué Me Haroun au Forum d'El Moudjahid à l'occasion de la commémoration de cette date historique ayant vu des Algériens déferler sur les grandes artères parisiennes, dans une marche pacifique pour protester contre le couvre-feu imposé par le préfet de police, Maurice Papon. Des manifestants avaient été alors jeté dans les eaux glaciales de la Seine (Paris), a-t-il témoigné devant une assistance composée de plusieurs personnalités historiques et moudjahidine. Me Haroun a relevé que ces événements avaient amené des Français et des militants d'autres nationalités à soutenir la Révolution algérienne, citant le collectif des 80 avocats français, dont Me Vergès, ayant défendu les Algériens arrêtés et emprisonnés dans ce pays. Il a expliqué que quatre avocats algériens avaient réussi à mobiliser certains de leurs confrères en France jusqu'à atteindre le nombre de 80, lesquels avaient reçu la consigne de plaider, lors de la défense de leurs clients, pour l'indépendance de l'Algérie, a-t-il dit. Me Haroun a également cité la classe ouvrière française et le Parti communiste français qui ont milité pour l'indépendance des colonies du capitalisme et de l'impérialisme, notamment l'Algérie et l'Indochine. Les mères des jeunes français, rappelés par l'armée française lors de la guerre d'Algérie, avaient passé des nuits dans des gares ferroviaires et dormi sur les rails pour empêcher leurs enfants de rejoindre les rangs de l'armée française, a témoigné Me Haroun, insistant sur le réseau JR (jeunes résistants) qui avaient déserté l'armée française. "Ils étaient 121 militaires déserteurs ayant signé la +Déclaration des 121+ qui été approuvée par plusieurs intellectuels français de renom, à l'exemple de Jean-Paul Sartre et du philosophe Georges Bataille", a souligné Me Haroun. Il a également évoqué le réseau Johnson (porteurs des valises), le réseau Curielle pour le transport des fonds ainsi que les réseau des prêtres, constitué d'intellectuels qui ne portaient pas la tenue de l'église et qui avaient apporté leur appui et soutien à la révolution algérienne. "La Révolution a eu une telle répercussion que des pays de l'OTAN n'avaient pas soutenu la France du fait que des intellectuels, des personnalités et des militants ont pris conscience que la guerre menée par ce pays était contre le courant de l'histoire", ajouté Me Haroun. Interrogé sur le nombre de victimes recensées lors de ces événements, Me Haroun a indiqué qu'ils seraient de 200 sans compter les 200 autres, inscrits sur la liste des disparus et dont le destin est ignoré à ce jour, ajoutant que globalement le nombre de martyrs à la Fédération de France FLN avoisinerait les 10.000. Pour ce qui est des cotisations de la Fédération de France, il a fait observer qu'elles représentaient quelque 80% d'aide au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), soulignant que la guerre d'Algérie a été financée par les propres enfants de l'Algérie. A une question relative aux archives, Me Haroun a expliqué qu'il y en a "deux catégories". "La première consistait en des archives que la Fédération de France FLN remettaient tous les trois mois au GPRA", a-t-il dit, précisant qu'en 1962, lors de la crise, ces archives dont il "ignore l'emplacement actuel, avaient été interceptées par des personnes lors de leur acheminement de Tunis vers Alger". S'agissant de la deuxième catégorie d'archives, "au moins 300 kg de documents avaient été remis aux Centres des archives nationales", a-t-il encore ajouté. Par ailleurs, Me Haroun a suggéré d'instituer une journée commémorative pour les étrangers ayant soutenu la Révolution et de rapatrier leurs dépouilles à l'exemple, a-t-il dit, du défunt Georges Fochan (un Allemand) qui avait demandé à être enterré en Algérie et dont le corps a été rapatrié plus tard. Il a indiqué qu'il sera difficile de rapatrier les dépouilles des condamnés à mort en France lesquels sont enterrés dans des fosses communes ou des tombes non identifiées. A cet effet, l'association Machaâl echahid envisage de consacrer une semaine commémorative (12-18 février 2011) au 50e anniversaire des événements du 17 octobre 1961 et à l'apport de l'émigration et des étrangers à la guerre de libération à l'occasion de la célébration de la Journée du chahid le 12 février de chaque année. Au cours de cette conférence-débat, Mohamed Mechati, un des membres des 22, a également apporté son témoignage sur l'apport des étrangers à la Révolution. Les familles des anciens officiers de l'Armée de libération nationale (ALN), Aït-Mohktar et Rabah Bouaâziz ont été honorées à cette occasion.