Les périodes spéciales constituent la meilleure occasion pour jauger du degré d'efficacité de l'action qu'un gouvernement a engagée pour mettre un terme à des pratiques « commerciales » contraires à la morale et à l'éthique de la profession de même qu'aux règles qui sont celles d'un marché réglementaire. Les Algériens subissent beaucoup de d'exemples de comportements nuisibles à leur bien-être qui, hélas, reviennent d'année en année. A la rentrée des classes, les familles ont du mal à habiller leurs enfants pour la circonstance et à leur acheter les accessoires d ́école nécessaires pour une bonne année scolaire. A la veille du mois sacré du ramadhan, les prix des fruits et légumes flambent au grand désespoir des petites bourses. Les spéculateurs remettent ça á l'approche de l'Aïd el Adha, en multipliant par deux, voire trois, le prix du mouton. Pour rester dans cette logique des pratiques illicites, la plupart des boulangers de la capitale et des grandes villes songent déjà à baisser leurs rideaux puisque, et c'est devenu une « tradition », leurs ouvriers iront passer les fêtes au bled, bien souvent au grand désespoir du patron, il faut bien le souligner ! La bataille, menée actuellement contre les indus occupants des trottoirs des rues commerçantes et la campagne pour la protection de l'environnement dans les endroits transformés en décharges publiques, doit s'élargir avec la même détermination aux commerçants qui ne respectent pas les normes du contrat d'un registre du commerce. Pour le gouvernement Sellal, il n'y a pas de raison d'être plus laxiste avec le commerçant qui n'observe pas les clauses de son contrat qu'avec le « trabendo » qui impose sa présence dans l'anarchie sur la voie publique ou avec les racketteurs des « parkings » faisant la sentinelle à chaque ruelle de la plupart des villes du pays. Tout Etat, c'est sa raison d'être et sa vocation de régulateur public, doit user des moyens de contraindre et tout citoyen de se conformer aux règles de conduite qui s'opposent aux gens vivant en société. C'est la règle de droit dont les autorités publiques sont en devoir d'assurer le respect. Pourquoi donc le retrait du permis de conduire ou la contravention est-il possible et immédiate suite à une infraction du code de la route et ne pourrait pas l'être pas lorsque le titulaire d'un registre de commerce se trouve en infraction par rapport à ses obligations dont le respect du niveau des prix à la consommation fixés par la loi ou la fermeture d'un commerce sans autorisation préalable des services administratifs compétents. Le président Bouteflika avait évoqué plusieurs fois la nécessité d'appliquer la loi dans toute sa rigueur lorsqu'il y a préjudice à la communauté ou un particulier, le citoyen en l'occurrence. Il avait cité l'exemple concret d'« une maison qui est mise à plat » dans un pays européen, si le propriétaire monte d'un étage sans autorisation des services d'urbanisme. En Algérie, nous n'irions pas jusque-là sinon pas mal de nouveaux quartiers seraient rasés. Les pouvoirs publics ont déjà du « pain sur la planche »...avec les boulangers et certains commerces qu'il faut obliger à respecter le service minimum. Autant que les commerçants honnêtes qui travaillent dur, souvent tous les jours de la semaine, paient leurs impôts et subissent en silence la concurrence déloyale du trabendo. Dans un Etat de droit, tout le monde, boulangers, éleveurs, maquignons ou autres doivent être soumis aux mêmes critères de la profession. Il s'agit d'une bataille globale contre les maux sociaux et les comportements peu civiques que les autorités publiques sont en mesure de gagner, à la condition que tout le monde joue le jeu. Le citoyen en premier lieu puisque c'est lui qui subit et se plaint de ces fléaux qui empoisonnent sa vie quotidienne et amenuisent ses ressources. Le commerçant surtout, puisqu'íl doit savoir qu'un registre du commerce n ́est pas un titre de propriété mais un acte administratif dont la concession est accompagnée de conditionnalités. Aux pouvoirs publics d'en faire valoir donc le règlement, de manière contraignante si besoin est, comme cela se fait dans tous les Etats de droit, sans aucune forme de laxisme sous peine d'être préjudiciable à sa crédibilité.