La commune Oued Koriche, qui surplombe le quartier populaire de Bab El Oued, vit depuis le début de cette semaine une vive tension. Deux bandes de jeunes s'affrontent presque quotidiennement et sèment ainsi la terreur au lieudit « Triolet ». Un endroit devenu leur terrain d'affrontement. Selon les témoignages recueillis sur place, il s'agit de deux groupes des cités « La Carrière », et « Chevalley ». « Ils se bagarrent chaque soir, après la prière de l'Ichaâ avec des armes blanches», affirme un gérant de café. Ces affrontements imposent de fait une sorte de couvre-feu aux habitants des deux quartiers. Et de chaque côté on s'accuse d'en être l'instigateur. « Ces derniers jours vers 22 h, des groupes de jeunes de la cité Chevalley, armés de barres de fer, de chaînes à vélo, d'épées, de couteaux de bouchers et menés par un certain Tarzan, viennent au carrefour de triolet pour provoquer nos jeunes», indique un habitant de la cité Carriére. Selon d'autres habitants des lieux, l'intervention des sages des deux cités a empêché que ces affrontements entre jeunes dont l'âge varie entre 15 et 25 ans ne s'aggravent avec de lourdes conséquences. Mais ces échauffourées excédent ce vieil homme d'autant qu'elles sont précédées « d'échanges verbaux obscènes proférés devant femmes et enfants ». Les jeunes de la cité « Chevalley » ont une autre version des faits. « Nous n'accepterons jamais à ce que l'un des nôtres soit humilié à la cité de la Carrière », dira un jeune. Le début des hostilités entre ces bandes remonte, selon le gérant d'un café à Oued Koriche, à quelques mois. C'est suite à l'agression d'un jeune garçon dans la cité « La Carrière» que les jeunes de «Chevalley» ont crié vengeance. Mais d'autres voix disent que «ces affrontements ne sont que de la poudre aux yeux. Le trafic de drogue serait pour beaucoup dans ces affrontements. Pour les responsables de l'APC de Oued Koriche ce qui se passe n'est qu'un enchaînement logique du sous-développement de la commune. Selon un élu de l'APC, la commune, l'une des plus pauvres de la wilaya d'Alger, souffre d'absence d'investissements. « Il y a encore des familles qui vivent dans des F1 ou F2 », précise-t-il. A cela s'ajoutent les bidonvilles et les habitations précaires qui s'étendent « à une vitesse fulgurante». «Ici le taux de chômage avoisine les 80 % sur une population estimée à 60 000 habitants et le projet de 100 locaux par commune tarde à se concrétiser ». Afin de mettre un terme à ces confrontations, toutes les parties estiment que seul le relogement de toutes les familles et l'arrestation de tous ceux qui sèment la terreur dans ces quartiers apporteront l'apaisement dans cette commune.