L'évêque Tawadros, un pharmacien de formation, qui a gravi tous les échelons de la hiérarchie ecclésiastique depuis 1988, a été choisi, hier, nouveau pape des coptes orthodoxes. Né Wagih Sobhy Bakki Soleiman, dans la région de Mansourah, dans le delta du Nil, il a été désigné le jour de son soixantième anniversaire lors d'une cérémonie religieuse durant laquelle un enfant aux yeux bandés a tiré son nom au sort. Il règnera sous le nom de Tawadros II, à partir du 18 novembre comme 118e « pape d'Alexandrie, patriarche de toute l'Afrique et du siège de Saint-Marc », l'évangéliste, à qui l'Eglise copte fait remonter sa fondation vers l'an 42. Sa mission est délicate du moment qu'il devra conduire une communauté qui s'estime lésée avec l'arrivée des Frères musulmans après la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011. En effet, les coptes, qui représentent de 6 à 10% des 83 millions d'Egyptiens ont toujours demandé à être autorisés à accéder aux différends postes de responsabilités et à pouvoir pratiquer leurs rites comme ils l'entendent. Mais, avec l'arrivée des islamistes au pouvoir, ils sont de plus en plus inquiets pour les libertés et pour le simple droit de vivre. La promesse du nouveau Président, Mohamed Morsi, qu'ils seront considérés comme Egyptiens à part entière, s'est heurté aux appels de certains islamistes radicaux appelant à les chasser de leur pays parce qu'ils collaborent, selon eux, avec les sionistes. Le dernier film islamophobe auquel ont participé des coptes de la diaspora, n'a fait qu'agrandir la faille entre les deux communautés qui ont, pourtant, cohabité pendant des siècles. Sous la menace, certaines familles coptes, qui habitaient le Sinaï ont dû quitter, fin septembre dernier, cette péninsule dans laquelle l'Etat égyptien combat les extrémistes. Beaucoup d'Egyptiens ont félicité, hier, le nouveau pape des coptes. Ils espèrent que son élection ouvrira les portes à une meilleure cohabitation, d'autant que des modérés existent parmi les deux communautés. Ils sont optimistes, car le successeur de Chenouda III est connu pour sa volonté de préserver l'Egypte unie et pour être favorable à une église centrée sur sa mission pastorale, et pas impliquée dans les affaires politiques.