« L'usage rationnel des médicaments doit être basé sur un bon diagnostic avant de prescrire quoi que ce soit. Si, aujourd'hui, l'on assiste à des prescriptions irrationnelles, c'est faute d'un bon diagnostic, d'outils d'exploration, tels que les examens biologiques ou l'imagerie médicale, qui ne sont pas toujours à la disposition du médecin ». C'est ce qu'a déclaré le professeur Abdelkader Helali, directeur général du Centre national de pharmacovigilance et matériovigilance (CNPM), à l'occasion de la Conférence nationale sur l'usage rationnel du médicament en Algérie, tenue, hier, à l'hôtel El Marsa, à Sidi Fredj. Selon ce spécialiste, le risque est clair. « C'est l'interaction médicamenteuse qui peut constituer un danger pour le patient », dira-t-il. « C'est pourquoi, le Centre de pharmacovigilance et matériovigilance a mis en place le Programme national de promotion de l'usage rationnel des médicaments en Algérie (Purma) au profit de plusieurs médecins généralistes des différentes wilayas du pays depuis 2004 », a-t-il expliqué. Le but étant, selon le même responsable, d'encourager la disponibilité du médicament, de lutter également contre l'automédication, d'inciter les patients ou le sujet malade à consulter un médecin pour éviter les effets secondaires. Dans ce contexte, une enquête est en cours de réalisation par le centre en question au niveau de 22 wilayas du pays. Il s'agit d'une étude environnementale dans les zones urbaines et rurales sur la santé primaire et l'évolution de la consommation de médicaments. « L'intérêt de cette étude est de promouvoir la recherche appliquée et la consommation rationnelle des médicaments », a souligné M. Helali. Selon ce spécialiste, l'Algérie doit disposer d'une politique pharmaceutique nationale dans tous ses aspects, notamment la sélection des médicaments, leur utilisation, leur remboursement et même leur destruction une fois arrivés à péremption. « Nous ne pouvons pas improviser », dira-t-il. Et d'ajouter : « Le bon fonctionnement d'un système de santé repose sur un réseau d'approvisionnement et de distribution de produits pharmaceutiques fiable en mesure de répondre à la demande des citoyens. » Selon le professeur Helali, les indicateurs recueillis dans les différentes wilayas permettront d'identifier les points forts et les points faibles du système de soins de base (EPSP avec leurs centres de santé polyclinique). Selon ce dernier, cette démarche permettra aussi de faire une comparaison entre les prestations offertes en Algérie et celles des pays en voie de développement sur les plans médical, économique, social et culturel. « L'objectif est de tirer profit et d'échanger les expériences pour aboutir à une utilisation médicamenteuse rationnelle au profit des soignés sans surcoûts liés à la prise en charge des effets indésirables », a-t-il noté. Pour sa part, M. Chabouni, collaborateur au CNPM, a présenté les statistiques générales du système de santé en Algérie. Selon ce responsable, un travail a été réalisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur un échantillon de 60 pays dans le cadre des objectifs du millénaire. L'objectif, dira M. Chabouni, est de réduire la pauvreté et la faim, promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie de la femme, améliorer la santé maternelle et réduire la mortalité infantile. Selon le même responsable, bien que l'Algérie se positionne à la 35e place, il s'avère que son système de santé connaît encore certaines lacunes. Les chiffres avancés par M. Chabouni indiquent que 3,7% des enfants âgés de cinq ans souffrent de déficit pondéral. La mortalité infantile est de 41%. Sur 100 000 habitants, près de 4,1% sont tuberculeux, 95% de la population utilisent un assainissement amélioré et la prévalence du VIH des adultes de 15 à 49 ans est de 4%. « C'est un mauvais score pour le système de santé algérien », s'est alarmé M. Chabouni. En matière de prise en charge, le même responsable a signalé que le nombre de médecins pour 10 000 habitants est de 12 spécialistes et 19 infirmiers et sages-femmes, contre 6% pour le nombre de personnel pharmaceutique. Quant à l'hospitalisation, le spécialiste a indiqué que pour 10.000 habitants, 17 lits sont disponibles dans les hôpitaux. Il indiquera que l'Algérie a enregistré 81,6% de dépenses publiques et privées pour la santé.