Du nouveau au Nord du Mali. Ansar Dine, qui occupe la moitié Nord du Mali aux côtés d'autres groupes islamistes, montre, pour la seconde fois, en quelques jours, sa détermination à rechercher une solution pacifique. Le groupe islamiste armé, qui s'est démarqué publiquement des « djihadistes » d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest, s'est engagé à lutter contre la criminalité transfrontalière et appelé tous les Maliens à la table des négociations, renonce à sa principale exigence : l'application de la charia. « Nous souhaitons l'application de la charia dans les zones sous notre contrôle seulement, c'est-à-dire à Kidal. Tout se fera avec pédagogie et en tenant compte de nos réalités », déclare Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la délégation de ce mouvement à Ouagadougou, promettant de « détailler » son argumentation lors de futures négociations avec les autorités maliennes de transition qui ont, depuis le début de la crise, condamné et la charia et les pratiques qui en découlent. L'Union africaine, qui pousse à une solution négociée, a donné mardi, son aval à l'envoi pour une année d'une force de 3.300 soldats en appui aux 5. 000 hommes de l'armée malienne pour déloger les « groupes armés » de Kidal, Tombouctou et Gao. « Le dialogue est l'option préférée, mais doit obtenir des résultats assez vite », précise Saïd Djinnit, le représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest après une rencontre au Burkina Faso avec une délégation d'Ansar Dine et des représentants du Mouvement national de libération de l'Azawad. Romano Prodi, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, appelle à une réunion internationale en décembre à Paris pour tenter de résoudre la crise au Mali. Aux va-t-en-guerre qui s'empressent d'annoncer qu'ils sont « prêts », même si une éventuelle intervention soulève moult interrogations, l'Italien rappelle une évidence : « Il faut du temps pour préparer une opération militaire ». En bon diplomate, il espère mettre ce délai à profit pour travailler à une solution diplomatique. Une solution à laquelle Nkosazana Dlamini Zuma, la présidente de la commission de l'Union africaine a appelé, hier, depuis Paris. « Nous aimerions convaincre les groupes armés maliens à venir participer aux négociations et à se dissocier des groupes criminels et terroristes. Si cela pouvait arriver, ce serait un grand pas en avant », dira-t-elle.