Un document de projet de position rédigé par le bureau du ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, sans doute dans le but de décourager la direction palestinienne, explique que « l'élimination de Abbas du pouvoir serait la seule option dans un tel scénario ». Il envisage aussi d'annuler les accords de paix d'Oslo de 1993. Ce n'est pas la première fois que M. Lieberman agite cette menace.Il a déjà prévenu, le 24 octobre, lors d'une rencontre avec la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, que si les Palestiniens « persistaient dans ce projet, (il) ferait en sorte que l'Autorité palestinienne s'effondre ». Parallèlement à cette politique du bâton, Lieberman, qui a rencontré cette semaine à Vienne les ambassadeurs israéliens des pays européens pour les informer des mesures qu'Israël envisage en réponse à ces mouvements diplomatiques palestiniens aux Nations unies, de faire du chantage et offrir des aides à l'Autorité palestinienne si elle accepte d'abandonner son projet. Le président palestinien, qui a choisi le 29 novembre, date anniversaire du plan de partage de 1947, qui a appelé à la création de deux Etats en Palestine, (Israël et Palestine) et Journée internationale des Nations unies de solidarité avec le peuple palestinien, cédera-t-il ? « Non », selon l'ambassadeur de Palestine, Hussein Abdelkhalek, qui a tenu, avant-hier, une conférence de presse pour commémorer le 24e anniversaire de la proclamation de l'Etat palestinien à Alger. « Nous ne reculerons pas, même si nous risquons de mourir de faim. Malgré les pressions américaines et le chantage israélien, le président ira à l'ONU le 29 novembre pour demander la reconnaissance de l'Etat palestinien », a-t-il déclaré. D'après lui, une nouvelle agression contre la bande de Ghaza est redoutée après les élections israéliennes. D'autres responsables palestiniens ont affirmé être prêts à faire face aux retombées de la démarche à l'ONU. Le négociateur, Mohammad Chtayyeh, dit s'attendre à ce que les mesures de rétorsion, notamment financières, « n'aillent pas au-delà de la question de la construction de colonies » nouvelles. « La plupart des mesures annoncées seront des menaces en l'air parce qu'Israël a intérêt à maintenir l'Autorité palestinienne en l'état et les Israéliens ne sont pas en position de la pousser à l'effondrement total » dit-il. Selon lui, la Ligue arabe a promis à l'Autorité un « filet de sécurité » pour faire face à d'éventuelles sanctions financières. Un autre négociateur, Saëb Erakat, a précisé que la direction palestinienne « tentait d'activer la décision relative au filet de sécurité de 100 millions de dollars au cas où Israël bloquerait nos fonds et où les Etats-Unis fermeraient le bureau de l'Organisation de libération de la Palestine et cesseraient leur aide ». Des personnalités et associations chrétiennes palestiniennes ont exhorté l'Union européenne à appuyer la demande d'élévation de la Palestine au statut d'Etat observateur, afin de « promouvoir une véritable paix ». Comme pour expliquer sa démarche, Abbas, qui a entamé, lundi dernier, une tournée en Arabie Saoudite et en Egypte, entamera, aujourd'hui, une visite en Suisse. Il se rendra ensuite en France pour rencontrer le président François Hollande, qui a mis en garde, mardi soir, les Palestiniens, contre les « risques » liés à leur démarche à l'ONU.