Au menu de cette rencontre à laquelle ont été conviés Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la commission de l'Union africaine, et Ramtane Lamamra, commissaire à la paix et la sécurité de l'UA : la situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo où les rebelles du M23, Mouvement du 23 Mars, viennent de s'emparer de cibles stratégiques, faisant craindre une propagation du conflit à l'ensemble de la région. Comme mercredi dernier, lors de la réunion des présidents Kabila (RDC), Yoweri Museveni (Ouganda) et Paul Kagame, dans la capitale ougandaise, les participants à la rencontre d'hier ont exigé au M23 de mettre fin à son offensive et de se retirer, « d'ici 48 heures », de la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, qu'il occupe depuis mardi dernier, et de cesser de déclarer qu'il faut renverser un gouvernement « élu » à Kinshasa. Les rebelles, qui sont aidés, selon l'ONU, par le Rwanda et l'Ouganda, menacent de faire sauter tous les verrous. Notamment la ville de Sake d'où partent deux routes, l'une reliant le Nord et le Sud Kivu et l'autre menant vers l'ouest à Masisi, le territoire dans lequel ils ont pris forme après la « mutinerie d'officiers et de soldats de l'armée » d'avril dernier et qui est aussi l'un des fiefs de l'ex-mouvement rebelle tutsi congolais du Congrès national pour la défense du peuple. Le M23 ne fait plus mystère de ses ambitions. « Après Goma, nous marcherons sur Bukavu, Kisangani et Kinshasa pour renverser le régime », disent-ils. Sauf si Kabila accepte d'« écouter, évaluer et de satisfaire » leurs revendications, et « face à face », et consente à la tenue d'une rencontre entre la société civile, la diaspora, l'opposition et le gouvernement pour discuter de « tous les problèmes des Congolais ». Parmi leurs revendications, l'application de l'accord de paix conclu le 23 mars 2009 à Goma entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de l'ancien général Laurent Nkunda et le pouvoir de Kinshasa. Cet accord contient une clause demandant la mise en place d'un nouveau modèle de découpage du territoire national fondé sur « la nécessité d'une meilleure prise en compte possible des réalités sociologiques du pays ». Il inclut aussi la reconnaissance des provinces du Nord et du Sud-Kivu comme des « zones sinistrées » et les bases d'un mécanisme de retour pour les réfugiés dont la majorité refuse d'intégrer les unités de l'armée congolaise au-delà de la région du Kivu. Une question explosive pour Kinshasa qui voit dans cette « manière » de faire une volonté de « balkanisation » du pays.