Unanimes, les partenaires sociaux ont salué cette décision. Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a indiqué qu'il s'agit là d'une démarche « salutaire ». Son président, Meziane Meriane, a estimé qu'il est bien « sage » de savoir où nous en sommes avec ces réformes, dix-ans après. Selon lui, une « halte » pour établir un « diagnostic » et « préconiser » un bon remède s'impose. Mesures à entreprendre : une correction « profonde » des réformes et la formation des formateurs. Meziane Meriane soutient que le constat est connu de tout le monde refusant ainsi d'évoquer en détail « les fausses notes » des réformes, se contentant de dire que celles-ci n'ont pas donné les résultats escomptés avec un faible niveau des élèves dans les langues étrangères, un volume horaire suffoquant en inadéquation avec le programme sans omettre la surcharge des classes. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) indique que l'idée d'évaluer les réformes éducatives est, en elle-même, « intéressante ». Son SG, Achour Idir, évoque ainsi le programme scolaire soutenant que certaines matières méritent d'être supprimées pour être remplacées par d'autres plus bénéfiques aux élèves. Il cite l'exemple de l'enseignement religieux pratiqué dans le palier du primaire alors qu'il aurait été préférable d'enseigner les questions des droits de l'Homme. Il regrette, comme pour évoquer les conséquences de l'actuel système éducatif, le fait que des élèves, une fois admis au lycée, n'arrivent pas à maitriser ni les techniques de calculs ni celles de rédaction avec en prime un niveau faible dans les langues. « Il faut impérativement mettre en œuvre des mécanismes à même d'assurer le suivi permanent de la progression de l'élève et ce, du cycle primaire au secondaire », observe-t-il. Il ajoute que les enseignants doivent bénéficier de sessions de formation pour mieux assimiler les nouvelles méthodes d'enseignement. « La logique aurait été de mettre en place d'abord les moyens avant la mise en œuvre de toute politique. Or, chez nous, c'est le contraire qui se fait avec tous les désagréments que cela induit », regrette-t-il, avant de souligner qu'il faut revoir la copie concernant le volume horaire appliqué jusque-là. Il plaide à ce que ce dernier soit réduit à 30h/semaine au lieu de 36h actuellement. L'approche par compétence : Une pression supplémentaire Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) par la voix de son chargé de communication, Messaoud Boudiba, soutient que le maillon faible des réformes reste incontestablement l'introduction « précipité » d'une nouvelle méthode d'enseignement appelée « approche par compétence ». Il explique que celle-ci a été appliquée d'une manière « hasardeuse » sans « informer » ni « former » les enseignants. Il a fait savoir que le même système a été appliqué au Canada, mais d'une manière « prudente », voire « limitée », alors que chez nous « on l'avait introduit et généralisé dans un laps de temps très court ». Résultats des courses : pression sur les enseignants qui trouvent toutes les peines du monde à enseigner, pression sur les élèves qui n'arrivent plus à suivre les cours. Pour y remédier, il estime « judicieux » de passer par une évaluation « stricte » et « objective » des réformes avec l'implication de tous les acteurs (enseignants, experts, inspecteurs et pédagogues). Abdelhakim Aït Hamouda, chargé de communication du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) indique que le ministre de l'Education, par cette déclaration, veut dire que « le temps est venu pour passer à une autre étape, celle de la qualité après avoir gagné la bataille de la quantité ». Il dira que les réformes ont fait perdre à l'Algérie 10 ans de temps. Pour lui, la plaie est tellement profonde qu'il serait ardu de redresser la barre. Tout comme le Cnapest, le SNTE pointe du doit le système dit « approche par compétence » « appliqué à la hâte ».