Sur les 193 pays membres des Nations unies, la majorité, « au moins 132 pays » dit-on, votera « oui ». Pour donner une chance au processus de paix et à la solution à deux Etats indépendants, expliquent ceux qui ont osé « résister » aux pressions américaines, britanniques et israéliennes. Selon plusieurs analystes, le « oui » d'aujourd'hui de la communauté internationale à ce texte qui appelle aussi « à une reprise des négociations pour parvenir à « un règlement pacifique » avec l'établissement d'un Etat de Palestine « vivant aux côtés d'Israël en paix et en sécurité, sur la base des frontières d'avant-1967 », pourrait ouvrir la voie à de sérieuses négociations de paix au Proche-Orient et donner à l'Autorité palestinienne, outre une victoire diplomatique majeure, le moyen d'accéder à la Cour pénale internationale pour y mener une guerre juridique contre l'Etat israélien. Le 3 avril 2012, le procureur de la CPI a indiqué que l'octroi de ce statut d'Etat non membre lèverait l'indétermination actuelle sur le statut international de la Palestine et servirait de base à la compétence de la Cour. La Palestine, qui a accepté, le 22 janvier 2009, la juridiction de la CPI, deviendrait par conséquent adhérente au Statut de Rome. Seule la date d'entrée en vigueur de cette compétence reste à déterminer, expliquent les juristes. Autrement dit, cette adhésion aurait pour effet de rendre responsables devant la CPI les dirigeants israéliens pour « crimes de guerre et crimes contre l'humanité » commis à Ghaza et Al-Qods et les conséquences du « mur de la honte » érigé en juillet 2004. L'adhésion au Statut de Rome aurait donc pour effet de rendre responsables devant la CPI les dirigeants israéliens. Washington et Tel-Aviv menacent Selon le département d'Etat américain, si la résolution passe, il ne faudra pas « compter sur une réponse favorable du Congrès » sur le déblocage de 200 millions de dollars d'aide promis par Washington. Israël menace de prendre des mesures de rétorsion, dont le blocage des taxes perçues pour le compte de l'Autorité palestinienne, la réduction du nombre de permis de travail pour les Palestiniens, voire l'abrogation des accords de paix d'Oslo de 1993. Le filet de sécurité de la Ligue arabe, 100 millions de dollars par mois en cas de sanctions financières israéliennes et américaines, sera-t-il suffisant ? En attendant le « oui » annoncé, l'Autorité palestinienne met le bémol dans son discours. « Nous ne nous précipiterons pas pour adhérer à la Cour pénale internationale », déclare Riyad Mansour, l'observateur palestinien à l'ONU. La raison ? Abbas, qui espère voir prochainement le Conseil de sécurité donner une suite favorable à son demande d'une reconnaissance pleine et entière d'un Etat palestinien comme membre à part entière de l'ONU qu'il a déposée en septembre 2011, sait que la communauté internationale ne pourra plus tolérer la poursuite de la colonisation et de l'occupation d'un Etat reconnu officiellement comme observateur au sein de l'ONU.