L'arme de la pression multiforme, alliant les sanctions draconiennes du Conseil de sécurité aux mesures unilatérales des puissances occidentales, bat son plein pour endiguer la menace nucléaire de l'Iran. La stratégie d'endiguement rappelle à l'envi le scénario irakien, conçu par l'équipe de Clinton et exécuté froidement par les néo-conservateurs de l'administration Bush. Outre le poids de l'embargo, la sulfureuse Amérique du changement se prépare à la «guerre psychologique» contre l'Iran accusée de fabrication de l'arme atomique. La sortie du patron de la CIA, gravement discréditée dans la propagation d'informations megères distillées pendant la 2e guerre du Golfe, renforce la certitude de l'issue conflictuelle en préparation dans les laboratoires américains. L'alibi de la bombe atomique aurait-il remplacé les fameux ADM (armes de destruction massive) introuvables une décennie presque après la destruction totale de l'Irak ? Pour Leon Panetta, il ne fait pas de doute que «cela leur prendrait un an et ensuite une autre année pour mettre au point un système opérationnel d'utilisation de cette arme». Les dés sont donc jetés. La 3e guerre du Golfe, aux conséquences incalculables pour la stabilité régionale et la régularité de l'approvisionnement pétrolier du marché mondial, prend forme. Elle se précise avec l'abandon de la voie du dialogue. L'offre turque et brésilienne, en conformité avec les desideratas de l'Occident belliqueux en matière de transfert de combustible, a fait long feu pour maintenir serré l'étau sur l'Iran sommé de choisir entre l'abdication ou la destruction. L'espoir d'un règlement négocié a été délibérément sabordé et, plus gravement encore, abandonné par les alliés russes et chinois convaincus en définitive de «l'absence de transparence du programme nucléaire iranien». Le volte-face de Moscou et de Pékin, entretenant des relations commerciales privilégiées, concrétise un soutien décisif à la politique américaine d'isolement entreprise au Conseil de sécurité à travers les sanctions du 9 juin, renforcée par les mesures unilatérales adoptées par les Etats-Unis et l'Union européenne et poursuivies par d'autres pays, comme les Emirats arabes unis (gel de 41 comptes bancaires iraniens, fermeture de 40 compagnies locales et internationales accusées de violation des dispositions onusiennes), ou des firmes (arrêt des livraisons de produits raffinés et de l'essence par Total, retrait progressif de Shell, Total, Statoil, Eni…) Sous la direction des Etats-Unis, la coalition internationale prône le dérèglement du marché intérieur et la raréfaction des sources de financement exigées par Tel Aviv. Dans les nouvelles mesures adoptées par le Sénat et en voie de promulgation par Obama, il est prévu de travailler à la perturbation de l'approvisionnement en essence de l'Iran. Aux sources de tensions sociales se greffe la recherche de la déstabilisation interne, vécue lors des présidentielles contestées et relancées dans certaines capitales occidentales. En France, un rassemblement des partisans du mouvement d'opposition iranien des Moudjahidine du peuple, inscrit dans la liste américaine des organisations terroristes, a été organisé, samedi, provoquant une manifestation, tenue devant l'ambassade française à Téhéran, de l'Association de la Justice regroupant des familles des victimes des attentats menés par les Moudjahidine du peuple. L'Amérique d'Obama, sourde aux exigences de la dénucléarisation du Moyen-Orient et aux pratiques de piraterie internationale de son avatar, aura-t-elle sa «sale guerre» en Iran ? Bas les masques.