La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, est en tournée au Qatar et en Arabie Saoudite, pour tenter de constituer un front uni contre l'Iran décidé de conforter son programme nucléaire avec le lancement, mardi, de la production d'uranium enrichi à 20%. Au Golfe, le deal proposé par Washington s'apparente à une forme de linkage destiné à garantir le soutien du monde arabe à la panoplie de sanctions prises contre l'Iran en échange d'une relance du processus de paix au Proche-Orient. Si la partialité flagrante des Etats-Unis a été une constante de la politique américaine, incapable d'exercer la moindre pression sur son « allié stratégique », l'intérêt de la démarche perd de sa substance. Les raisons d'en douter sont nombreuses. Elles sont alimentées et légitimées par les rendez-vous manqués du Caire évoquant un meilleur avenir des relations arabo-américaines, fondées sur la compréhension mutuelle, le respect des valeurs et le sens de la coopération. Le rapprochement, favorisé par la volonté de l'administration Obama, d'ériger le dossier du Moyen-Orient en priorité absolue, a générée un climat d'optimisme qui n'a pas longtemps résisté à l'épreuve des faits. Dans le chapitre révélateur du gel des colonies illégales, marqué par le défi israélien à la légalité et aux décisions de son parrain, l'absence manifeste de toute volonté de rétorsion a non seulement mis à nu l'impuissance de l'hyper puissance, mais également la prédominance de la vision des deux poids, deux mesures dans la gestion des conflits internationaux. Elle efface du coup le geste symbolique de la nomination d'un émissaire, l'avocat Rashid Hussein, à l'OCI (organisation de la communauté islamique). Au Qatar et en Arabie Saoudite, la quête de l'isolement de l'Iran privilégie une démarche unilatérale qui s'appuie sur les clivages et les luttes d'influence entre certaines puissances du monde arabe sunnite et l'Iran chiite. L'arme du pétrole est ainsi suggérée pour pallier l'approvisionnement de la Chine assuré jusque là par l'Iran. «L'Arabie Saoudite a d'importantes relations commerciales avec la Chine. Nous nous attendons à ce qu'elle utilise ses visites de manière à augmenter la pression exercée sur l'Iran», a déclaré le sous-secrétaire d'Etat Jeffrey Feltman. Après le lâchage russe, Pékin reste la seule puissance récalcitrante du conseil de sécurité. Le verrou chinois sautera-t-il au lendemain du passage de Hillary Clinton ?