La librairie Chihab a organisé dans l'après-midi de mardi dernier une rencontre autour du recueil de poésie « Jaillissement des mots » de Rachid Rezagui, en présence de l'auteur, de l'artiste peintre Karim Sergoua, de l'universitaire Mohamed-Cherif Ghebalou ainsi que des amoureux de belles lettres. La rencontre s'est articulée autour de la poésie. M. Rezagui qui a déclamé à l'occasion quelques poèmes, a soutenu qu'il n'existe pas d'écriture sans douleur. « Notre histoire contemporaine est semée de douleur, et, pour moi, l'acte d'écrire est une catharsis et une réponse à cette douleur », a-t-il affirmé. En outre, il a rappelé humblement que son œuvre poétique rappelle le souffle des émancipations chèrement acquises et dénonce les crimes liberticides, en même temps qu'elle rend hommage, entre autres, au combat de la femme algérienne. « Jaillissement des mots », une œuvre poétique d'autant plus attachante qu'elle est illustrée par un autre poète du signe, le plasticien Karim Sergoua. Refus d'abdication et de soumission, ce recueil est un hommage à la parole, à la prise de conscience et au droit à la différence. C'est aussi un hymne à la paix et l'espérance. « Quand la plume se libère et ose, bouleverser le règne des étoiles, quand l'analyse dévoile les causes, du refus de hisser le voile... l'espoir revient ». Ce poème ne parle pas seulement d'espoir, mais pose surtout les conditions de son éclosion et son épanouissement. Pour le poète, l'espoir est semblable à un œuf : jamais il ne donne naissance à un oisillon, s'il n'est pas bien couvé. Atteindre le rivage de l'espérance nécessite, aux yeux du poète, une lutte intérieure continuelle contre nos propres incertitudes et nos propres contradictions. C'est au fond de nous qu'on doit chasser, extirper la face cachée et sombre de l'être humain. M. Ghebalou a mis l'accent, dans sa présentation du recueil, sur la symbolique poétique dans cette œuvre qu'il a qualifié de quête de parole et du refus du silence. L'universitaire a soutenu que le poète, questionneur infatigable du monde, se sert des mots pour dénoncer les maux, pour se dire et dire sa société. Le critique littéraire a souligné, dans le même contexte, que « Jaillissement de mots » est une parfaite combinaison, une heureuse rencontre entre le mot et le signe. « Dans cette œuvre poétique, le mot élève la voix et le signe la tonalité linguistique pour asseoir une poésie de la mémoire ». Il a ajouté que le lexique poétique de « Jaillissement de mots » introduit une sémantique de la paix et le partage des instants de douleur. Il a précisé toutefois que l'espérance demeure le leitmotiv de l'écriture littéraire du poète. Le verbe « dénoncer » est un maître-mot dans l'approche littéraire du poète. Rachid Rezagui a écrit sur des thèmes divers, la réalité étant sa principale source d'inspiration. Avec sa plume, le poète tente autant que faire se peut à atteindre le rivage de l'apaisement. Karim Sergoua, l'artiste plasticien qui a illustré ce recueil de poésie, a souligné l'apport « du soutien pictural pour une œuvre littéraire », en rappelant la genèse de l'idée de collaborer avec le poète. D'emblée, il a rappelé que lorsque le poète l'a contacté pour illustrer son recueil de poésie, il lui a demandé de lui faire parvenir le recueil en vue de le lire. Ensuite, il lui a demandé de patienter quelques mois pour pouvoir faire plusieurs lectures de l'œuvre. « Après quatre mois, je me suis mis au travail et illustré tout le recueil. Cela a donné naissance à un véritable travail artistique et, surtout, collégial », a-t-il affirmé. Le plasticien ému de retrouver cette librairie après plusieurs années, a souligné que sa collaboration avec le poète est une forme de militantisme. « Je n'ai jamais pensé illustrer une œuvre poétique. Je l'ai fait pour mon ami parce que sa poésie est un acte militant. Je considère ma contribution comme une continuité du combat que nous menons depuis longtemps pour la promotion de la démocratie », a-t-il enchaîné.