Dans ce recueil de poèmes, Rachid Rezagui dénonce. Pour le faire, il a opté pour les mots. Car ils sont plus porteurs, plus profonds, mais surtout parce qu'ils durent. Une cinquantaine de poèmes aussi révélateurs les uns que les autres. Une cinquantaine de poèmes racontant l'Algérie. “Une expression poétique à travers laquelle Rachid Rezagui exhume les maux inhérents à la cité, à l'histoire, à la culture, au sérail de la politique, à l'enfance innocente et abandonnée, à la justice engourdie ou corrompue, à l'identité bâillonnée, à l'exil forcé par la bête immonde, à l'assassinat de ceux qui osent penser (…)” Ces poèmes, c'est aussi la dénonciation, voire la condamnation du bien acquis sans aucun effort, de la dignité bafouée, de l'amour dénaturé, de la fracture sociale, des valeurs inversées. Ces poèmes viennent confirmer cette certitude qui dit que “le poète a toujours raison”. Des textes poignants avec une rime continue. “Allô ! Nous sommes en danger, le terrorisme assassine et brûle, amis, frères de pays étranger, la peur, les morts s'accumulent (…) Pour vivre, il nous faut la paix, mais la paix est dans le feu, il faut risquer et se faire brûler, pour que nos enfants soient heureux.” (Extraits du poème Appel d'Alger…). Ces deux strophes nous renvoient à un passé récent, très proche. Un passé qui nous a marqués dans notre chair, nos cœurs. Si la thématique générale tourne autour de l'Algérie et tous les maux qui l'ont traversée, il n'en demeure pas moins que chaque poème renvoie à un sous-thème bien précis. “Trente-quatre ans après, les bourgeons ont repoussé, pour réclamer la liberté. (…) Nos morts sont encore vivants, dans tous les cœurs palpitant, ils hantent les nuits des tyrans (…). Octobre, l'enfant de Novembre, grandira un onze décembre, en avril, unis ensemble, nous allons remuer les cendres et la flamme à reprendre.” (Extrait du poème De Novembre à Octobre). De vers en vers, de strophes en strophes – le tout écrit avec des mots simples, clairs –, le poète nous invite dans ce dédale de dénonciation, d'amertume, de douleur, de peine. Des mots pour dénoncer des maux se lit rapidement, çà coule de source. Mais ne laisse pas indifférent. Et pour mieux illustrer ce sentiment, les poèmes sont illustrés, soit de toiles de l'artiste peintre Mohamed Larbi Guitta, soit de celles de Karim Sergoua. Chaque poème a une toile qui l'explique par le pinceau. Des mots pour dire des maux, c'est la rencontre de l'écriture et de la peinture. Deux mondes, deux univers différents mais ô combien proches. Ils se retrouvent pour une seule mission : dénoncer. * Des mots pour dénoncer les maux, de Rachid Rezagui, Poésie, éditions Publisud, 2009.