La déclaration du premier responsable de l'instance panarabe est loin d'être fortuite. Elle intervient au moment où, contre toute attente, l'ONU a décidé de suspendre « immédiatement » ses opérations dans le pays et de retirer son « personnel non essentiel et jusqu'à nouvel ordre » laissant incertains les efforts de son envoyé spécial en Syrie, Lakhdar Brahmi, pour résoudre le conflit. L'ONU a expliqué, via son porte-parole, Martin Nesirky, que le rapatriement de ses représentants est dû à la dégradation des conditions de sécurité dans le pays. L'ONU, qui dispose d'un millier de collaborateurs internationaux et locaux en Syrie, maintiendra néanmoins une présence avec du personnel local dans les grands villes. Pour coup dur qu'il soit pour Damas, qui clame son attachement à la « légalité internationale », la décision des Nations unies coïncide avec une nouvelle sortie « musclée » du président américain, Barack Obama, qui a menacé de « conséquences » son homologue syrien, Bachar Al-Assad s'il recourrait à l'usage d'armes chimiques. « Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable. Si vous commettez l'erreur tragique d'utiliser ces armes, il y aura des conséquences et vous en répondrez », a-t-il sévèrement averti. Le patron de la Maison Blanche s'exprimait en écho à des révélations faites par un responsable américain sous couvert d'anonymat évoquant « plusieurs indices » qui laissent penser que les autorités syriennes « sont en train de mélanger des précurseurs chimiques, notamment le gaz sarin. Un puissant neurotoxique qui provoque une paralysie complète puis la mort ». L'Otan, qui s'apprête à installer ses missiles Patriot au niveau des frontières turco-syriennes, a mis, de son côté, en garde Damas d'une « réaction immédiate » de la communauté internationale, malgré les démentis de la diplomatie syrienne. « La Syrie réaffirme qu'elle ne fera pas usage de ce genre d'armes, si elle en possède, contre son peuple, quelles que soient les circonstances, car elle est en train de défendre son peuple », a réagi le ministère syrien des Affaires étrangères dont le porte-parole, Djihad Al Makdissi, a démissionné de son poste et quitté avec sa famille le pays en direction de Londres. S'agit-il d'une défection ? Damas l'a officiellement réfuté, parlant d'un « limogeage » pur et simple. Malgré le soutien russo-chinois, les pressions se font de plus en plus accrues ces derniers jours sur la Syrie. Au président Vladimir Poutine, qui a fait part, depuis Ankara, de ses craintes d'une Syrie « après Al Assad », le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al Fayçal, dont le pays appelle à la chute du « régime de Bachar Al Assad » a répondu, hier, qu'une transition politique était « plus que jamais nécessaire en Syrie pour préserver l'unité de ce pays ». Il estime qu'un « changement de la position de la Russie (...) ouvrira la voie à un règlement du conflit ». Son homologue marocain, Saâd Eddine El Othmani a, pour sa part, indiqué que la réunion du groupe des Amis du peuple syrien, prévue le 12 décembre à Marrakech, comportera un volet politique, avec la volonté d'appuyer la coalition de l'opposition syrienne, mais également humanitaire.