M. Bara, qui est aussi conseiller diplomatique du président de la République, a tenu à préciser qu'il intervenait en tant qu'universitaire et « n'engageait nullement une quelconque autorité officielle ». Pour lui, les groupes armés touareg, qui se sont repliés au Niger et au Mali à partir de la Libye à la suite de la chute de Kadhafi, constituent, en conséquence, un facteur d'aggravation de la crise au Sahel puisque « les 450 éléments sont revenus bien armés et ont renforcé les autres groupes ». A partir de là, la situation se complique encore avec l'irruption de l'Azawad et du mouvement islamiste Ansar Eddine, sur la scène, sans oublier le coup d'Etat au Mali, en mars 2012. M. Bara est revenu sur la genèse du conflit malien et les efforts de médiation de l'Algérie depuis 1993 pour régler la question de l'Azawad. Il a dans le même ordre d'idées souligné les efforts de l'Algérie visant à apporter des solutions pour faire face à l'instabilité qui mine la région. Des structures comme le commandement Cemoc ayant son siège à Tamanrasset et une unité de renseignements et d'investigation ont été mises en place de concert avec les pays du champ pour coordonner la lutte contre les groupes terroristes. En septembre 2011, toujours sur le plan des initiatives pour coordonner la lutte antiterroriste dans la région du Sahel, une autre rencontre est organisée par l'Algérie qui s'ouvre cette fois aux partenaires dits « extrarégionaux », c'est-à-dire les USA, la France, l'UE, ajoute M. Bara. Ce dernier a cependant regretté que la communauté internationale n'a pas pu « bien saisir l'évolution et les mutations de ces groupes terroristes de tendance confessionnelle vers la criminalité et le narcotrafic ». Pour le Dr Rezzag Bara, le Sahel est l'objet aujourd'hui d'une plus grande attention de la communauté internationale, avec les Américains au nom de la théorie dite Hot Spot (points chauds) et de la France pour des questions stratégiques. L'ONU avait adopté, pour sa part, deux résolutions sur ce conflit (2056-2071) et la nomination de deux émissaires l'un Algérien (M. Djahnit) et l'autre Italien (M. Prodi). Mais plus intéressant sera le débat qui aura lieu dans quelques jours (15 décembre) au sein du Conseil de sécurité. Pour M. Bara, « on ne sait pas quel type de résolution prendra le Conseil de sécurité », mais il est possible qu'il recommande l'envoi d'une « force de stabilisation africaine qui va aider le Mali à reprendre le nord du pays qui échappe à sa souveraineté actuellement », indique-t-il. Le colloque a vu l'intervention, en tout, de six conférences animées par des universitaires et des experts, tel le Pr Adhimi, le Dr Berkouk qui ont en mis en garde sur les conséquences sécuritaires et humanitaires de ce conflit sur l'Algérie qui partage avec cet espace une large frontière et une communauté, les Touareg.