La pièce « Madini thmatouth ala » ou « Quand la femme dit non », aborde la problématique de la fuite des cerveaux. La pièce s'ouvre par des aboiements. Décor nu : une tente, du barbelé et un fusil. Khemissia, la vingtaine, se réveille de son long sommeil et regarde si quelqu'un a franchi les frontières de son domaine qu'elle a hérité de son père. Après maintes tentatives infructueuses auprès des différents services administratifs pour l'obtention d'une subvention en vue d'un investissement dans les secteurs du bâtiment et de l'agriculture, elle décide, de guerre lasse, d'en faire un lieu de transit. A partir de cette zone, elle « exporte » les produits introuvables sur le marché des pays voisins et cause des pertes sèches à l'économie nationale. La jeune fille est experte dans les affaires et elle marchande sans pitié, son unique souci étant de gagner beaucoup d'argent pour se faire une place au soleil. Khemissia semble n'avoir aucun sentiment et déplume tous les candidats à l'émigration clandestine. En apparence seulement, puisqu'elle finit par être folle amoureuse de Houari, un jeune harrag. Le hasard qui réalise nos destinées sans jamais demander notre avis, pousse la fille à faire l'impossible, afin d'empêcher le garçon d'émigrer, qui plus est, clandestinement. Pour elle, la place du jeune homme, qui rêve de vivre ailleurs, après avoir déchiré son passeport, est dans son pays, surtout qu'il possède toutes les conditions nécessaires pour une réussite certaine. Houari, beau et attirant, tombe lui aussi sous le charme de Khemissia. Comble de l'ironie, chaque fois que l'un essaie de déclarer son amour à l'autre, les aboiements de la chienne étouffent leur voix. Mais à la fin, les deux tourtereaux finissent par s'aimer. Houari ne quitte pas son pays afin de vivre avec Khemissia. Amour charnel ou platonique ? Certainement les deux à la fois, parce que la femme symbolise autant l'être aimé que la mère-patrie qu'on adore par-dessus tout. « Quand la femme dit non » traite avec un humour noir la problématique de la fuite des cerveaux pour s'établir sous d'autres cieux. Ils croient parfois y trouver leur bonheur par un simple mariage avec des étrangères qui les délaissent souvent au bout de quelques années de vie conjugale. Ecrite dans une langue musicale, facile à comprendre, la pièce, admirablement jouée par deux comédiens talentueux, est un examen de conscience pour tout candidat à l'émigration. Laâmri Kaouène, auteur et metteur en scène de la pièce en question, s'est dit heureux et satisfait de cette expérience. « C'est la première fois que je travaille avec des comédiens en langue amazigh. Je suis content que cette aventure ait abouti. Le public n'a pas cessé d'applaudir les comédiens, signe qu'il a aimé leur prestation. J'espère pouvoir monter des pièces similaires à l'avenir », a-t-il déclaré. Les deux comédiens ont, eux, mis en valeur le message de la pièce qui s'adresse en particulier à l'élite algérienne tiraillée par le désir de fuir le pays et s'installer à l'étranger, même au détriment de leur bien-être moral et intellectuel. « On veut montrer à la crème nationale qui, de plus en plus, est tentée d'aller vivre sous d'autres cieux, qu'elle peut réussir dans son pays.