Aujourd'hui encore, toute une vague de jeunes ne parlent que de départs. «De bâbor l'Australie» jusqu'à la barque d'Alicante sans trop y parodier ce malheur qui pousse nos harragas de tout âge, la fuite est désormais massive. Ce n'est plus ce simple exilé, ou cet Amjah évoqué par le passé et par autant d'écrivains comme Feraoun (dans la Terre et le Sang) mais, désormais, d'un fléau qui touche un grand nombre, mais aussi la femme comme fait nouveau. Ce ne sont plus des hommes arrachés à la misère, aux montagnes improductives… mais à la dignité et candidat à un départ vers l'inconnu où la mort est presque fatale et inévitable. Akin I levhar (au-delà de la mer) se veut un témoignage et un table au vivant de notre histoire en recréant par des formes d'expression diverses le quotidien de l'exilé de ses tourments, soulagé et bercé par le chant de l'exil. Un pan de l'histoire qui demeure, aujourd'hui encore d'actualité. Un vécu bref, mais une réalité amère et infinie d'une jeunesse qui se jette dans la gueule du loup sans assurance d'y survivre, et d'arriver, encore moins celui de vivre dignement et ne pas subir les pires humiliations. La jeunesse continuera contre vent et marée à travers tous ces dangers et payer le prix fort dans un embarcation de fortune à l'issue et sort inconnus. Tel est le fort prix d'une vie qui sera mise en sursie. Dans Akin I Lavhar, le TRB a voulu explorer un nouveau champs et chants… d'expressions pour dire l'exil. En usant et abusant de couleurs, de lumière et surtout de musique, danse… utilisant l'arabe, le français, le tamazight, ses auteurs ou plutôt ses réalisateurs, Bazou ce musicien du théâtre, et Kaouène en comédien, ont vu lui donner une autre forme. En l'absence d'un texte de fond, la trame est retravaillée, on a introduit des chanteurs comme Mounia, Kaci et une chorale, qui ont dû interpréter une trentaine de textes approximativement de Slimane Azem, Harnaoui, Hasni, Messaoudi, Akli Yahyathen et d'autres interprètes qui ont touché à la thématique de l'exile. Même si la chanson est omniprésente dans le théâtre, ici elle domine et constitue même le fil et la trame de l'histoire. Une histoire infinie d'un exile… espoir, seule source d'un amassement, d'une richesse, d'un amour… En fait, de toute une frustration de nombreuses générations de 1946 à ce jour, qui ont manqué de tout et sont toujours en sa quête. Le drame est ici, retraduit autrement en couleur, en beauté, sans frontière et un peu harraga en somme. Est-ce un nouveau style pour le TRB qui dispose des forts atouts pour s'exprimer de cette manière ? Fetmouche, Abdelli et toute une équipe professionnelle y travaillent pour cela. L'ambition pour 2011 est de pouvoir couvrir 25 communes à travers des distributions de pièces. Mais aussi de produire 4 autres pièces dont 2 spectacles pour enfants. Des productions qui constituent ainsi à exploiter du texte et à mettre sur scène des écrivains locaux.