« Aucune rébellion ne peut mettre un terme à la bataille militairement. Tout comme les opérations des forces de sécurité et des unités de l'armée ne mettront pas un terme à la bataille non plus. Les forces de l'opposition, armées, civiles ou affiliées à l'étranger, ne peuvent se dire unique représentant légitime du peuple syrien. De même que le pouvoir actuel, avec son armée qui a son idéologie, ainsi que ses partis politiques, Baas en tête, ne peut créer seul le changement sans la participation de nouveaux venus. La situation empire et une solution historique, avec la formation d'un gouvernement d'unité nationale, est nécessaire pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 43.000 morts. Chaque jour qui passe éloigne un peu plus la solution, militairement et politiquement. La solution qui doit passer par un règlement historique incluant les principaux pays de la région et les Etats membres du Conseil de sécurité doit garantir en premier lieu l'arrêt de toutes les formes de violence et la formation d'un gouvernement d'union nationale avec de larges pouvoirs ». Cette proposition de sortie de crise n'est pas d'un quelconque médiateur. Elle émane de Farouk al-Chareh, 73 ans, vice-président syrien depuis 2006 et chef de la diplomatie syrienne pendant 22 ans. Dans un entretien publié, hier, par Al-Akhbar, un quotidien libanais, il affirme « défendre l'existence de la Syrie et pas mener une bataille pour un homme ou pour un régime ». Autrement dit, ce qui est en jeu, c'est l'existence du pays. « Il y a, dit-il, sans donner de plus amples précisions, un projet en cours visant à détruire la Syrie : histoire, civilisation et peuple ». Dans la foulée, il tend la main à l'opposition. Cette sortie médiatique de celui qui est la personnalité sunnite la plus en vue à Damas, la première depuis juillet 2011, serait-elle l'expression de divergences avec Bachar Al Assad qui « ne cache pas sa volonté d'aboutir militairement » ou la « piste » d'une solution de compromis pensée par le régime ? « Assad détient tous les pouvoirs du pays (...) Mais, il y a des opinions et des points de vue différents dans le commandement syrien. Cependant, ce n'est pas arrivé au point où on peut parler de courants ou de dissensions profondes », reconnaît celui que les Occidentaux et les pays du Golfe ont évoqué en octobre dernier pour remplacer le président syrien. Les Iraniens et les Turcs ont, eux aussi, leurs plans L'Iran a rendu publics, hier, les détails du « projet » que Ali Akbar Salehi, son chef de la diplomatie, a présenté le 14 octobre, à Lakhdar Brahimi, le médiateur onusien. Ce plan, qui prévoit « la libération par le gouvernement des prisonniers politiques et le jugement par des tribunaux impartiaux des détenus impliqués dans des crimes », prône « l'arrêt immédiat des violences et des actions armées, sous la supervision de l'ONU », « la levée des sanctions contre la Syrie afin de permettre la distribution de l'aide humanitaire » et « la mise en place d'un dialogue, une fois le calme revenu, pour former un comité de réconciliation afin d'établir un gouvernement de transition chargé d'organiser, en temps utile, des élections libres pour le Parlement, l'Assemblée constituante et la présidence ». Ce plan de sortie de la crise en « six mois », exige aussi des médias une « couverture impartiale » et « l'arrêt de la campagne actuelle de désinformation contre la Syrie ». L'opposition, qui exige au préalable le départ d'Al Assad, accepterait-elle de se rendre à ce dialogue ? Selon Radikal, un journal turc, Recep Tayyip Erdogan a présenté, le 3 décembre dernier, au président russe Vladimir Poutine, en visite à Istanbul, une formule pour une transition pacifique en Syrie. Selon ce « projet », Al Assad quitterait le pouvoir au premier trimestre 2013 et le pouvoir passerait, pour une période de transition, à la coalition nationale. Le journal croit savoir que le président russe a trouvé « créative » cette formule qui serait, depuis la conférence des Amis de la Syrie à Marrakech, en discussion entre les Etats-Unis, la Russie, l'Egypte, le Qatar et les Nations unies.