De notre envoyée spéciale à Oran Samira Sidhoum « J'en appelle à la conscience maghrébine pour créer les conditions favorables à la mise en place d'une convention d'accord de production audiovisuelle et de coproduction cinématographique », a déclaré la cinéaste algérienne. Yamina Bachir Chouikh a fait cette déclaration lors d'une rencontre à Oran, regroupant des cinéastes de Tunisie et du Maroc. C'est ainsi que Mahmoud Ben Mahmoud, réalisateur tunisien a fait un exposé sur l'histoire du cinéma tunisien. Il a déclaré, entre autres, que ce cinéma était étatique à sa création en 1955. Peu à peu, des textes sont venus élargir cette production de films au secteur privé. Il regrette que les financements des films ne puissent bénéficier qu'aux Tunisiens eux-mêmes. La coproduction avec d'autres pays, ne serait-ce qu'avec des pays du Maghreb, est inexistante en Tunisie. M. Mahmoud Ben Mahmoud a salué la législation algérienne qui autorise cette coproduction. Fort de cette connaissance, il s'est adressé aux autorités culturelles algériennes compétentes pour leur demander le soutien et l'accompagnement du film qu'il est en train de réaliser. Il a exprimé sa grande satisfaction de voir sa demande satisfaite. Le réalisateur marocain, Ahmed Haceni, intervenant au cours de cette rencontre, a aussi regretté que la législation marocaine ne permette pas la coproduction. Il s'est félicité, par contre, de la volonté politique du royaume chérifien de faciliter grandement la production cinématographique au Maroc. Ainsi, avec l'avènement de l'arrivée du roi Mohamed VI, des facilitations sont accordées aux cinéastes marocains pour le développement du 7e art au Maroc. Présente à cette rencontre, la réalisatrice, Selma Bargach, qui a présenté au cours de cette même journée, son long métrage « La 5e corde », projeté à la salle Maghreb. Cette réalisatrice a fait part de son expérience de coopération entre les 3 pays du Maghreb. En effet, le rôle principal de son film a été confié à une vedette de l'écran tunisien. La composition musicale du film a été confiée à l'algérien, Safy Boutella. La réalisatrice, Salma Bargach, a donné ainsi une belle preuve de réussite de la coopération entre les trois pays du Maghreb. C'est donc à la lumière de cette initiative de coopération que les cinéastes maghrébins, présents à cette rencontre, ont émis le vœu de voir s'élargir ce partenariat dans toutes les formes de la production cinématographique, réalisation, distribution, ouverture du film maghrébin au public des trois pays. La cinéaste algérienne, Yamina Bachir Chouikh, a mis à profit cette rencontre pour parler des difficultés rencontrées par les cinéastes algériens. « Après la dissolution des entreprises cinématographiques d'Etat, le réalisateur algérien s'est vu dans l'obligation de faire seul son film et de chercher son propre financement, devenant ainsi, à la fois, réalisateur et producteur », a-t-elle déclaré. Elle ajoute « Je ne suis qu'une créatrice d'images. Je ne peux pas assurer parallèlement la production ». Yamina Bachir Chouikh se plaint justement de la carence et de la faiblesse du financement du film algérien. Elle affirme qu'« il n'existe qu'un seul fonds de financement de production cinématographique, relevant du ministère de la Culture. Ce fonds est insuffisant. » Cette réalisatrice algérienne demande, au moins, la création de mécanismes pour faciliter ce processus de production. Elle dit qu'« il faudrait, par exemple, que les wilayas nous aident par l'octroi de locaux. Les structures d'hébergement doivent aussi nous accorder des réductions pour nos équipes de tournage. D'une manière générale, la création de ces mécanismes de financement nous aideraient à réduire le budget global prévu pour la production du film. » Aussi, Yamina Bachir Chouikh a-t-elle été ferme dans sa volonté de création de convention juridique officielle au bénéfice des trois pays du Maghreb pour la relance du secteur et le développement en commun de la production cinématographique. nS. S.