L'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi est depuis dimanche à Damas. C'est apparemment la mission de la dernière chance pour le régime syrien. L'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe est descendu à l'hôtel Sheraton, dans le centre de Damas, qu'il a regagné par voie terrestre depuis le Liban voisin ! C'est dire l'état d'insécurité qui a gagné la capitale syrienne. Lors de ses précédents voyages en Syrie, Brahimi avait atterri à l'aéroport de Damas, mais les combats ont récemment gagné les abords de la route le reliant à la capitale. Le diplomate algérien compte recueillir les informations nécessaires pour mettre au point un ultime plan de règlement de la crise syrienne. Il s'est entretenu avec le président syrien Bachar el-Assad et plusieurs représentants de l'opposition tolérée par le régime. Lors de sa dernière visite à Damas, du 19 au 24 octobre, le médiateur avait rencontré le président syrien ainsi que plusieurs hauts responsables, il avait notamment négocié avec eux la mise en place d'une trêve pour la fête de l'Aïd al-Adha fin octobre mais le cessez-le-feu avait volé en éclats au bout de quelques heures. Cette fois, Brahimi semble avoir plus d'atouts pour convaincre le pouvoir syrien. En effet, avant de se rendre à Damas, il s'était entretenu à Genève avec les représentants russes et américains qui lui ont a priori confié de nouvelles donnes que les deux pays partagent certainement. Les positions des deux pays ont-elles convergé? Le président russe Vladimir Poutine s'est défendu jeudi 20 décembre de vouloir maintenir à tout prix le régime du président syrien Bachar al-Assad au pouvoir et a assuré encourager au dialogue pour éviter une désintégration du pays. “Quelle est notre position ? Ce n'est pas de laisser le régime d'Assad au pouvoir à tout prix, mais d'abord de laisser les Syriens se mettre d'accord entre eux pour décider comment ils veulent continuer à vivre", a déclaré le président russe lors de sa première grande conférence de presse depuis son retour au Kremlin. A-t-il réfléchi avec son homologue américain aux moyens de changer le pouvoir en place ? Plus tard, le vice-ministre russe des Affaires étrangères en charge du dossier syrien, Mikhaïl Bogdanov, devait estimer que le régime syrien perdait de plus en plus le contrôle du pays et qu'une victoire de l'opposition dans ce conflit n'était pas à exclure. C'était la première fois qu'un haut responsable russe reconnaissait de manière aussi explicite une possible victoire des opposants au régime de Bachar al-Assad, dont Moscou est l'un des derniers soutiens. Le lendemain de cette déclaration, le ministère des Affaires étrangères avait assuré que Moscou n'avait pas changé de position, et n'en changerait jamais, mais il n'y a pas de fumée sans feu. La Russie n'entend pas inviter le président syrien Bachar el-Assad à s'installer sur son sol, mais certains pays au Proche-Orient sont prêts à lui donner refuge, a annoncé samedi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. “Il est vrai que certains pays de la région se sont adressés à nous et nous ont demandé de dire à Bachar el-Assad qu'ils étaient prêts à l'accueillir", a déclaré le ministre russe devant les journalistes. Et d'ajouter que Moscou avait recommandé à ces pays de s'adresser directement au président syrien. D'après divers sources convergentes, ce seraient le Qatar et la Turquie qui auraient pu proposer refuge à Assad. D. B.