Au niveau du marché Amar El Kama, une ménagère était effarée devant le prix du poulet, qui a grimpé, en une journée, de 360 à 450 dinars. Même le revendeur n'a pas essayé de comprendre cette subite augmentation. Il s'adressera à cette ménagère en lui disant que les revendeurs ne sont pas responsables du prix d'achat. « Nous prélevons seulement notre marge », a-t-il expliqué. Cette ménagère s'est contentée d'acheter le blanc. Coupé, pesé et emballé, il lui a coûté 270 DA. Elle s'adresse aux autres clients, leur disant qu'il n'y a pas si longtemps, avec la même somme, elle pouvait s'offrir un poulet entier. Les autres ont acquiescé. Aussi, devant la cherté du poisson (400 DA la sardine, 1.500 DA le chien de mer) et de la viande rouge (1.500 DA le kg de viande sans os, 1.350 DA le kg de viande d'agneau et de bœuf), les citoyens se sont rabattus sur la viande blanche (poulet et dinde). Comment expliquer cette hausse ? Selon Mohamed Aidoun, président du conseil interprofessionnel de l'aviculture, « l'année 2012 a été défavorable à la filière du point de vue climatique d'une part, et de l'augmentation de l'aliment de volaille, d'autre part ». En effet, expliquera-t-il, l'été dernier, les températures ont atteint des pics de plus de 40 degrés. Ce qui a rendu impossible l'élevage du poulet. De même qu'il a été constaté des crises cycliques entre l'offre et la demande. L'autre point soulevé est l'augmentation sur le marché international des prix de l'aliment de volaille, à savoir le soja et le maïs. Ce même responsable affirmera que « si les pouvoirs publics n'ont pas supprimé la TVA (17%) et les droits de douanes (5%), le poulet aurait coûté plus cher, actuellement, aux consommateurs ». C'est pour cela que ce responsable a bien précisé que dans le cadre du système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac), mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, la filière avicole est en train de s'organiser. « Pour cela, les opérateurs, privé et public, tendent à réguler le marché pour faire baisser les prix », a expliqué ce responsable. Il ajoutera que des mesures ont été prises dès le mois de septembre dernier pour sensibiliser les groupements d'intérêt commun (producteurs d'aliments, éleveurs, transporteurs, revendeurs...) à combattre la spéculation. Selon un responsable de l'UGCAA, la responsabilité est partagée. « Les pouvoirs publics ne se sont pas investis dans les filières des viandes rouges et blanches en encourageant les éleveurs », a-t-il expliqué. Comme il a pointé du doigt certains privés qui attendent les occasions de forte demande (Aïd, Ramadhan, Mawild ennabaoui) pour proposer une petite quantité à un prix prohibitif.