J'ai longuement mais vainement espéré rencontrer mon ex- confrère Brahim Hadj Slimane (BHS pour les initiés) que je voulais entretenir de son nouveau travail de faiseur de spectacles. Un boulot qui me semble captivant d'autant que je connaissais un peu le goût de Brahim pour le travail relevé et de qualité. Et puis comme le hasard fait, très souvent, bien les choses, je l'ai rencontré rue Ben M'hidi Larbi à Oran, à la veille de son départ pour Tlemcen où il devait donner un spectacle intitulé « Un Jardin parmi les flammes ». Ecoutons-le : « C'est un spectacle pluriel dédié au Cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Il consiste, d'abord, à porter sur scène des poèmes de grands auteurs algériens qui ont jalonné l'histoire de ce pays depuis les débuts de la colonisation et ont accompagné, par leur engagement, les premiers soulèvements armés puis la guerre d'indépendance. C'est un spectacle qui se situe dans le prolongement d'une expérience en cours, menée par moi à travers des ateliers ». Cette expérience a déjà été utilisée pour monter trois spectacles qui sont « Les Insulaires » puis « L'Etoile assombrie » à la mémoire de Kateb Yacine, « Ombre gardienne », à la mémoire de Mohamed Dib et « Poésie sur tous les fronts » pour rendre hommage à Jean Sénac. Ces derniers spectacles ont été donnés sur plusieurs scènes du pays, ainsi qu'en France pour ce qui est de « L'Etoile assombrie ». Et notre ami d'ajouter : « La singularité de cette expérience vient, d'abord, du fait qu'elle porte sur scène des œuvres de grands poètes algériens, la plupart du temps, méconnues du large public. Dans un certain sens, elle a permis d'enrichir le théâtre algérien contemporain, à l'intérieur duquel elle reste marginale, faute d'encouragement et de soutien ». Toujours selon l'auteur de « Un jardin parmi les flammes », « ce projet consiste en une création théâtrale construite à partir d'un choix de poèmes de différents auteurs, allant de la conquête coloniale jusqu'à l'indépendance et même au-delà de celle-ci avec quelques œuvres poétiques significatives. Le principe de cette création, et de notre démarche artistique globale, est d'être ouverte à toute modification et enrichissement ». Des bardes sur leurs fougueux chevaux BHS a fait un choix rigoureux et précis des œuvres des poètes qu'il voulait porter sur scène. Ce choix équivaut au goût des puristes à un précieux nectar, puisqu'il concerne d'anciens bardes de grande renommée tels que Mohamed Belkheir, Mostefa Ben Brahim et Mohamed Benharrat. Ainsi que des poètes contemporains, véritables tisseurs de mots et ciseleurs de vers tels que Mohamed Dib, Jean Sénac, Djamel Amrani, Anna Greki, Kateb Yacine, Assia Djebbar, Laâdi Flici et autres Ismaël Aït Djaffer. A propos du corpus poétique, BHS dira que « le spectacle sera orienté vers une construction théâtrale et musicale, avec une scénographie à laquelle pourront être intégrés des éléments chorégraphiques et plastiques, sur scène ou autour de celle-ci. Notamment par la projection de peintures et d'extraits de vidéos. La musique sera produite sur scène, avec un répertoire constitué de pièces inspirées par le corpus poétique et puisé dans le patrimoine artistique national ». Pour ce qui est de son itinéraire personnel, Brahim Hadj Slimane a pratiqué, avec bonheur, le laborieux métier de journaliste, ponctué par son livre Les années noires du journalisme en Algérie (éditions du Cygne, Paris 20O9), avant d'emprunter d'autres sentiers tels qu'animateur à la chaîne III, avant de se tourner vers la création artistique de qualité et la mise en scène de spectacles poétiques ainsi que l'organisation de colloques culturels. BHS a participé à plusieurs coéditions littéraires dont « Alger, mille ans de lumière », « L'Algérie : histoire, société et culture », « La création artistique en Algérie », « L'épreuve d'une décennie : l'Algérie, art et culture, 1992 – 2002 », « 29 visions dans l'exil »...etc. Amar Abbas (*) Auteur-metteur en scène : Brahim Hadj Slimane. Comédiens : Aurélia Houria Belkhiri, Mahfoud Lakroune. Musiciens : Souad Kadour (chanteuse), Badis Hadj Slimane, Projection diapos. Dessins et peintures de M'hamed Issiakhem