La Tunisie a fêté, hier, le deuxième anniversaire de sa « révolution » dans l'espoir de sortir de l'impasse politique, provoquée par la farouche opposition que livrent les islamistes aux libéraux. Lors de la cérémonie officielle, à laquelle a pris part l'ensemble des dirigeants tunisiens, dont le président Moncef Marzouki, le Premier ministre Hammadi Djabali, issu du parti islamiste Ennahda, a promis de « redoubler d'efforts » pour construire le consensus dans le pays, en formulant le vœu d'élargir la coalition au pouvoir pour « dépasser les divisions de la classe politique ». M. Djabali a réaffirmé sa détermination à générer la croissance économique tant attendue, avant de procéder avec le SG de l'Union générale tunisienne du travail, Houcine Abassi, et la chef du patronat tunisien, Wided Bouchamaoui, à la signature d'un « pacte social » visant à réduire le chômage qui a pris des proportions alarmantes. Son chef spirituel et politique, le patron d'Ennahda, Rached Ghannouchi, n'en pense pas moins. Il a promis un dialogue constructif entre toutes les tendances politiques. « Nous voulons rassembler tout le peuple tunisien à travers des forces politiques unies, capables de dialoguer entre elles et convenir d'un calendrier pour les grands rendez-vous politiques, notamment la date des élections », a-t-il noté. Sur ce point, le président de l'Assemblée, Mustapha Ben Djaâfar, s'est voulu optimiste. Très critiqué en raison du retard pris dans la rédaction de la Constitution, il a tenté de rassurer l'opinion publique, en affirmant que le futur texte garantira les « objectifs de la révolution, instaurera un Etat démocratique et l'alternance au pouvoir » sans néanmoins indiquer un calendrier pour la tenue des prochaines élections. Le discours optimiste des dirigeants n'a pas convaincu les leaders de l'opposition. Le chef de Nidaa Tounes et ex-Premier ministre post-révolutionnaire, Béji Caïd Essebsi, a exprimé ses craintes face à la montée de l'islamisme radical. « C'est ce drapeau (tunisien) qui rassemble tout le monde, mais certains veulent le remplacer par un autre, la bannière noire (des salafistes). Il faut que le peuple reste vigilant car il y a menace comme on l'a vu à Sidi Bousaïd », a-t-il déclaré en référence à l'incendie criminel samedi d'un mausolée dans la banlieue de Tunis. Dans la rue, plus d'un millier de militants de partis d'opposition laïques et des islamistes pro-gouvernementaux étaient notamment réunis sans qu'aucun incident ne soit signalé.