« C'est le kit d'embrayage et le système de freinage qui sont mis en cause. Il s'agit de pièces d'usure : la butée, les plaquettes et les disques d'embrayage et de freinage. La qualité de la matière avec laquelle ont été fabriquées ces pièces est mauvaise et cela pose un problème de sécurité routière », a révélé avant-hier, l'expert automobile de la partie plaignante, Sid-Ali Zalouk, rencontré devant le siège de la maison Renault Algérie, à Oued Semar (Alger). Selon la conclusion de son rapport d'expertise, daté du 12 janvier 2013, dont Horizons détient une copie, « Renault Algérie a causé d'énormes préjudices aux propriétaires du Renault Master suite au montage de pièces non conformes, avec différents défauts de fabrication ». Les conclusions techniques soulignent que « les trois véhicules expertisés révèlent un défaut de fabrication lors de leur assemblage à l'usine Renault France, suite à un montage de pièces non conformes et qui ne répondent pas aux exigences des normes techniques », précise le document. Désigné le 09 janvier 2013, M. Zalouk a ajouté que « le volant moteur est une pièce d'équilibrage qu'on ne peut changer et pourtant, Renault Algérie l'a fait ». Pour rappel, la contre-expertise devait se faire en présence de l'expert de la partie plaignante, mais, finalement, selon lui, « chaque expert a travaillé de son côté, selon la volonté de Renault Algérie ». De leur côté, les protestataires ont affirmé qu'ils passeront la nuit devant le siège de Renault Algérie. Les jeunes protestataires ont campé sur place jusqu'à minuit avant de rentrer chez eux, dans leurs villes respectives, sans que les responsables de Renault Algérie daignent les recevoir. Le Dr Zebdi : « Il y a mépris à l'égard des consommateurs » Suite à ce refus, le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE), le Dr Mustapha Zebdi, rencontré devant le siège du concessionnaire automobile, a déclaré que « vu que le directeur général de Renault Algérie refuse de rencontrer les représentants des clients plaignants dont les véhicules utilitaires Master sont défectueux, et les conclusions de l'expertise, l'APOCE appelle les autorités publiques à réagir ». Le défenseur des consommateurs a relaté les étapes des négociations avec le concessionnaire depuis le début des protestations des jeunes clients. Il a signalé que « cette troisième et dernière réunion est décisive pour le règlement de ce dossier avec la présence du premier responsable de Renault Algérie ». Pour lui, « le nouveau DG de Renault Algérie cherche à gagner du temps jusqu'à ce que la période de garantie soit dépassée ». S'agissant de l'expertise, l'APOCE a demandé « un reçu d'envoi des échantillons en France pour analyse pour témoigner de la bonne foi du concessionnaire en attendant les résultats ». Dans le même sillage, « les résultats de l'expertise de Renault ne sont pas encore prêts, nous dit-on », a ajouté le Dr Zebdi, qui exige des données statistiques à Renault Algérie et indique que, après enquête de l'APOCE, « sur les 33 plaintes, 13 ont abouti à la mise en cause du kit d'embrayage et 8 déclarées « RAS » (rien à signaler), et parmi lesquelles deux cas de véhicules admis dans les ateliers sans ordre de réparation et en sont sortis sans attestation ni mention sur leur livret d'entretien ». « Les responsables de Renault Algérie, nous a-t-on répondu, ne possèdent pas ces données à leur niveau ». L'APOCE a suggéré de tenir compte des normes françaises pour l'expertise des véhicules mis en cause en présence de l'expert des plaignants et de deux représentants, lors des négociations avec le DG de Renault. Ce dernier a refusé cette option, a indiqué le président de l'APOCE. Le Dr Zebdi a également soulevé « la problématique de l'indemnisation des clients pour chaque jour de mobilisation du véhicule, à raison de 7.000 DA/jour ou son remplacement par un autre, mais Renault a proposé 2000 DA/jour, pour, finalement, le concessionnaire refuse d'accorder cette indemnisation ». Il considère qu'« il y a mépris de la part du DG de Renault Algérie, à l'égard des clients ».Devant l'impasse, « l'APOCE appelle les autorités algériennes à réagir face à la souffrance des jeunes algériens qui ont acquis ces Master dans le cadre de l'ANSEJ et de la CNAC », a-t-il poursuivi, en relevant que le ministère du Commerce, la Direction des mines et le Centre de prévention et de sécurité routière, ont été destinataires du dossier. Enfin, l'APOCE lance un appel à toute personne dans le même cas, à prendre attache avec elle, en s'engageant à accompagner les plaignants dans leur démarche judiciaire. Contacté par téléphone, après plusieurs tentatives de rencontrer les responsables de Renault Algérie à leur siège, une responsable a indiqué que « la personne en charge du dossier n'est pas disponible » et qu'« il s'agit seulement de 35 plaignants et non d'une centaine ».