Toute l'élite politique et économique mondiale se retrouve dans la célèbre station balnéaire suisse, bunkérisée en la circonstance, pour jeter un regard sur l'état et l'avenir du monde ébranlé par la grande dépression affectant les Etats-Unis et la zone euro, secoué par les graves turbulences du Moyen-Orient et du Sahel en mutations accélérées. A Davos, la problématique globale de la relance de l'économie mondiale et les crises au Mali et en Syrie seront au menu de ce 43e forum économique mondial (WEF). Fait inédit : ni les Etats-Unis ni la Chine ne seront représentés à un haut niveau, du fait que les gouvernements des deux principales puissances économiques sont en cours de formation. Mais comme de coutume, la mobilisation générale commande la participation « historique » de l'Afrique, présente en force avec la confirmation de l'arrivée de neuf chefs d'Etat ou de gouvernement, de l'Europe unie pour réussir la sortie du « trou noir », des 2 500 chefs d'entreprise, des économistes de renom, des sociologues et des intellectuels. « Il est clair que l'avenir de l'économie mondiale est fondé sur le rétablissement de la confiance. Et, cela signifie que nous devons sortir du mode crise », souligne le fondateur du Forum, Klauss Schwab, lors d'une conférence de presse. Le trauma de la crise est bel et bien dépassé. Les Etats-Unis, qui ont réussi à repousser le « mur budgétaire », et l'Europe, qui a pu éviter l'effondrement de la zone euro, se remettent ainsi à espérer et à reprendre confiance. C'est dans un climat moins tendu que les perspectives du retour à la croissance durable, revendiquée par la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, amorcent le retour à la stabilité qui a agité le monde de Davos suspendu au syndrome grec. Si l'Europe et l'Amérique ont pu tourner la page sombre de la crise économique et financière, les crises en Syrie et au Mali sont présentes dans l'agenda de Davos ouvert à la coalition nationale de l'opposition et de la révolution, créé en novembre dernier, et totalement opposé à la participation syrienne au niveau gouvernementale. Au Moyen-Orient, la fin de l'instabilité n'est pas pour demain. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité par les agences de presse, évoque le péril du statu quo et de l'enlisement en Syrie. « Au début, certains pronostics parlaient de deux, trois, quatre mois, maintenant (le conflit dure depuis près de) deux ans. La situation peut évoluer de différentes façons. Je pense que le conflit risque de traîner en longueur ». Face à l'Europe qui espère, le Sud qui désespère, les deux faces antagoniques de Davos.