A l'appel de Larbi Ben M'hidi qui disait « jetez la révolution dans la rue, elle sera prise en charge par le peuple » », le peuple algérien a répondu présent. A l'annonce de la grève des 8 jours en janvier 1956, le peuple algérien a approuvé sans hésitation, sans conditions. Pour démontrer que la révolution n'est pas une simple « jacquerie » comme la France coloniale voulait le faire croire. Au lendemain de la création de l'Union générale des commerçants, l'une des filiales du Comité de coordination et de l'exécutif du FLN (CCE), la grève des 8 jours est déclenchée le 28 janvier 1957 sur le territoire du grand d'Alger. Les commerces sont fermés et toutes les usines, les entreprises sont désertées par les employés. Durant 8 jours, Alger est décrite comme une ville « morte ». « Par cette grève, le CCE voulait atteindre deux objectifs : s'assurer du soutien total du peuple et hisser l'affaire algérienne au niveau international », a expliqué, hier, au forum d'El Moudjahid, l'historien Amar Rekhila. Ces deux objectifs ont bien été atteints. La cause algérienne figure enfin, à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU en février 1957 et l'Algérie française n'est plus qu'un « fantasme » que même la France coloniale n'arrivait plus à entretenir. Quant au FLN, il est reconnu comme unique représentant du peuple algérien. Toutefois, le prix à payer sera lourd. Car la riposte de la France face à ce mouvement de grève est des plus virulentes. Commerces saccagés, arrestations massives, tortures, menaces de licenciement,... furent le lot des grévistes durant 8 jours. Sur les 600 000 habitants de la capitale, souligne cet historien, plus de 450 000 ont été arrêtés. Cette répression a conduit à l'affaiblissement du mouvement du militantisme au niveau de la capitale, mais surtout à l'arrestation de Larbi Ben M'hidi et l'assassinat de Hassiba Ben Bouali, Ali la Pointe et d'autres moudjahidine. Les membres du CCE, comme Abane, Krim et Benkhedda, quitteront Alger pour Tunis. « En riposte à cette grève, les forces coloniales ont intensifié leurs fouilles et ont pu découvrir les plus importantes cachettes des moudjahidine. C'est ce qui a considérablement affaibli les capacités du FLN à Alger au point où la Wilaya IV dut envoyer des troupes à la rescousse. Ce n'est qu'en 1960 que ce mouvement a repris ses forces », dit-il. Pour cette raison, certains historiens qualifient d'échec la grève des 8 jours. « Mais sur le plan international, cette grève fut une victoire et eut un grand retentissement. Sans ce mouvement, la révolution n'aurait peut-être pas connu un dénouement heureux en 1962 », conclut l'historien.