A l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de la grève des huit jours, observée par des commerçants et des fonctionnaires algériens mais aussi des Français acquis au principe de l'indépendance de l'Algérie, l'association Machaâl Chahid, en collaboration avec le journal «El Moudjahid», a organisé hier une conférence-débat portant sur le thème. Une grève de huit jours, du 28 janvier au 4 février 1957, aux conséquences à la fois positives sur l'avancée du processus du recouvrement de la souveraineté nationale et négatives sur le cours du conflit armé. Un spécialiste de l'histoire de l'Algérie est revenu sur cette étape cruciale de la Guerre d'indépendance algérienne et a rappelé combien cette période était pénible et douloureuse pour l'ensemble des citoyens et des militants engagés sur les deux plans politique et armé. «Il est vrai que grâce à cette grève, l'appel des Algériens pour la libération de leur pays a été entendu et soutenu par un grand nombre de nations à travers le monde. Malheureusement, c'est aussi à cause de cette grève que la répression s'est accrue, que des cachettes du FLN ont été découvertes et détruites, les militants pourchassés sinon arrêtés et torturés», a indiqué le spécialiste Amer Rekhila. Ce dernier cite particulièrement les militants FLN qui travaillaient dans l'administration française. Des agents dénoncés par les harkis dont le nombre n'a cessé d'augmenter durant cette période de grève et durant les années 57, 58, 59 et 60. «Jamais le mot harki n'a été utilisé autant que durant ces années-là. Beaucoup de mal a été fait aux militants FLN, aux fidayîn, aux moudjahidine. La grève des huit jours nous a coûté cher», poursuit l'orateur. Entre autres répercussions douloureuses de cette action protestataire de grande envergure, la baisse des opérations inscrite dans le cadre de la lutte armée: «C'est normal, un grand nombre de militants et de moudjahidine sont partis ailleurs, hors d'Alger, pourchassés par l'armée française.» L'autre fait ayant marqué la mémoire collective algérienne, la disparition du glorieux martyr Larbi Ben M'hidi, sous la torture. Celui-ci connu pour sa citation célèbre «mettez la révolution dans la rue, elle sera reprise par le peuple». Des mots vérifiés chaque jour sur le terrain à travers la réponse donnée à l'appel à la grève, à travers tout le pays, mais aussi à travers la manifestation du 11 décembre 1960. «La réponse de l'armée française à cette grève était des plus brutales. Destructions massives des commerces, des biens, des habitations, arrestations et assassinats, répression et exactions diverses. Cela n'a pas détourné les Algériens de leur objectif, celui de libérer le pays. La preuve, c'est cette manifestation, malheureusement sanglante, du 11 décembre 1960.» L'invité du forum d'El Moudjahid a cité également l'encerclement des grands militants Ali Ammar, dit Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali, le petit Omar Yacef et Mohamed Bouhamidi. «Ils ont préféré la mort à la reddition» a souligné l'historien. Pour revenir à l'événement même de la grève, l'orateur rappellera que la décision d'observer cette grève avait pour principal objectif de convaincre l'opinion publique internationale que le FLN n'est pas du tout ce qui est montré par les politiques français, c'est-à-dire une organisation terroriste qui porte atteinte à «l'Algérie française» mais bien au contraire, un ensemble de militants nationaux engagés dans une Guerre de libération de leur terre. Leur terre pas celle des français. L'autre objectif du mouvement de grève est de convaincre cette même opinion publique que seul le FLN représente les Algériens dans leur lutte pour la libération et qu'il est le seul habilité à les représenter dans des négociations futures. Le choix de la date du 28 janvier correspond à la tenue de la 11e session de l'Assemblée générale de l'ONU. Une opportunité pour soulever la question algérienne et porter la voix du peuple en quête de liberté. De cette réunion s'est dégagée la résolution, qui ouvre la voie à une «solution pacifique, démocratique et juste conformément aux principes de la Charte des Nations unies». K. M.