Ali Sayad, éminent anthropologue, qui a côtoyé l'artiste, notamment en exil, a rappelé les qualités tant humaines qu'artistiques du défunt. Avec force arguments, il a souligné l'apport considérable de Chérif Kheddam à la musique algérienne en l'inscrivant, au prix de grands efforts, dans le registre universel. Il a également indiqué que le regretté artiste vivra éternellement en raison de sa contribution inestimable à la modernisation de la chanson et de la musique kabyles. M. Kheddam a, selon lui, dépassé le cadre étroit dans lequel évoluait la chanson kabyle dans les années cinquante, avec notamment l'introduction de nouvelles sonorités à forte teinte orientale. L'anthropologue a qualifié l'artiste de monument qui a révolutionné la musique algérienne. « A ma connaissance, Chérif Kheddam est le premier chanteur kabyle à avoir étudié à son époque la musique classique. Même issu d'une famille modeste et avec un niveau d'instruction tout juste moyen, il a pu s'imposer sur la scène artistique grâce à son travail sans relâche ». Mohand Kheddam, écrivain et cousin du chanteur, a abordé, lui, le côté thématique de l'œuvre de ce maître incontestable. En critique averti, il a décortiqué le texte du chanteur, mais aussi le lexique qu'utilisait le défunt pour écrire ses chansons. « La quasi-totalité de l'œuvre du poète est construite sur une thématique bien définie. Il a chanté l'amour, au sens noble du terme, la mère et la partie. « A lemri, (ô miroir) », par exemple, est une véritable complainte d'un homme au cœur brisé qui s'adresse à un miroir qu'il envie d'être plus chanceux, souhaitant être à sa place pour voir sa dulcinée quand elle s'y regarde ». Malika Domrane, la chanteuse qui a connu son heure de gloire dans les années quatre-vingt, a focalisé son intervention sur l'humilité du poète, mais aussi le respect qu'il avait pour la femme, toutes les femmes. « Chérif Kheddam respectait beaucoup la femme. Il l'a d'ailleurs exprimé ouvertement dans ses chansons où il donne d'elle, avec un art jamais égalé, une image méliorative. Je pense qu'à l'exception de cheïkh El Hasnaoui, un autre monument de la chanson algérienne, personne n'a donné une telle image de la femme et Chérif Kheddam l'a fait ». Par ailleurs, des vidéos inédites où l'artiste joue du luth ont été diffusées à l'occasion. L'association Chérif Kheddam compte ouvrir une école de musique qui portera le nom du maestro, en plus d'une probable création d'une fondation qui portera le même nom.