La Ligue arabe prépare ses membres à l'échec définitif des négociations de paix avec les Israéliens. Une réunion du comité de l'Initiative arabe de paix se tiendra dans les prochains jours pour évaluer à la demande de Mahmoud Abbas, les résultats des négociations indirectes entre Palestiniens et Israéliens, examiner les démarches arabes et réfléchir à des variantes alternatives avant la réunion des ministres des affaires étrangères qui se tiendra en septembre prochain pour faire le point de la situation. La Ligue n'exclut pas de tourner définitivement la page du dialogue. Selon Amr Moussa, « en l'absence de résultat des pourparlers de paix via George Mitchell, l'émissaire américain, la question sera portée devant le Conseil de sécurité, conformément à la décision prise en mai dernier par la Ligue en cas d'échec du dialogue après quatre mois. «Si aucun progrès n'est enregistré en septembre prochain, les négociations auront alors échoué» dit-il, mettant en garde Israéliens et Américains contre des négociations sans résultat probant. «Il existe une approche arabo-palestinienne de paix mais l'approche israélienne reste inexistante » tient-il à rappeler. Selon le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, l'idée d'une proclamation unilatérale d'un Etat palestinien, si des progrès ne sont pas constatés avant septembre, fait son chemin. «L'établissement d'un Etat ne devrait pas attendre plus d'un an. Mais qui va le décider ? Le Quartet ne suffira pas. C'est vers le Conseil de sécurité qu'il faudra se tourner» dit-il révélant que plusieurs leaders arabes soutinnent cette «idée». «Si ces négociations échouent on pourrait peut-être, penser à s'adresser au Conseil de sécurité», affirme le président égyptien tout en jugeant cette hypothèse «prématurée» tant que «des négociations indirectes sont en cours». Cause de la grosse inquiétude de la Ligue : les dernières déclarations des officiels à Washington qui font état de progrès et de non respect des négociations de rapprochement. Par qui ? Par les Palestiniens qui conditionnent leur retour à la table des négociations à l'arrêt total de l'extension des implantations juives en Cisjordanie ? Ou par Israël qui annonce la construction de 1.600 habitations pour des colons juifs près d'El Qods et qui ne propose qu'un gel des constructions jusqu'à la fin septembre ? Les Palestiniens, les principaux concernés affirment n'avoir reçu, selon leur principal négociateur, Saeb Erekat «aucune réponse israélienne par le biais des Américains sur les frontières, la sécurité ou toute autre question liée au statut final ». Une autre cause pourrait être à l'origine de cette inquiétude. Les Américains ne reçoivent les responsables israéliens et palestiniens que pour maintenir la face. «Quand on n'obtient pas de résultats, on est faible », estime le président syrien Bachar al-Assad. Il suggère aux américains qui n'ont pas réussi à relancer le processus de paix au Proche-Orient de se faire aider par les Européens et les pays émergents du Sud. Selon Nicolas Sarkozy des «initiatives» pour relancer le dialogue entre Israéliens et les Palestiniens, pourraient être prises lors du sommet de l'Union pour la Méditerranée prévu en novembre à Barcelone. En effet, Israël ne se soumet plus à l'Amérique. D'où son refus de geler les constructions, y compris à El Qods Est. Même le Quartet n'a pas bonne presse à Tel-Aviv. Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères l'a fustigé récemment. Il reproche une condamnation des projets de nouvelles constructions et un appel pour une reprise des négociations de paix pour trouver un accord débouchant sur la création d'un Etat palestinien d'ici deux ans. Pour le ministre israélien, «le quartet n'a pas à imposer un règlement et un calendrier». Preuve de ce mépris israélien : la construction reprendra en Cisjordanie immédiatement après le 26 septembre, l'échéance prévue du gel. C'est Limor Livnat, la ministre de la Culture et des Sports qui l'annonce quelques heures avant la rencontre Obama-Netanyahu pour une photo à la Maison Blanche. «Il n'est pas question pour Israël d'essayer, au prix de concessions, de convaincre les Palestiniens d'engager des négociations de paix directes», dit-elle sans détailler ces « concessions». Comme ses camarades du Likoud, elle estime qu'Abbas doit s'asseoir à la table pour négocier directement avec Netanyahu. Autrement dit, que le président palestinien se démarque de la Ligue qui prépare selon l'hebdomadaire allemand, Der Spiegel, une série de visites de dirigeants et responsables arabes à Gaza, via le point de passage de Rafah, à la différence des ministres européens qui'y accéderont du côté israélien.