Au niveau du centre, les différentes salles d'attente sont souvent noires de monde. « Les malades cancéreux vivent un véritable drame. Alors qu'à l'étranger, on parle de taux de guérison élevés atteignant parfois les 100 %, dans notre pays, la maladie continue d'emporter des malades. », a déploré un médecin. Dans les regards des praticiens, on peut lire un certain désespoir. Le manque de médicaments et de radiothérapie décourage plus d'un. « Malgré cela, nous recevons des malades qui ne savent plus à quel saint se vouer, et les voir mourir est devenu notre quotidien », a-t-il regretté. Selon lui, les quelque 6.000 cancéreux ont besoin de radiothérapie au CPMC et moins de 1.500 y accèdent », affirme, pour sa part, une résidente. « Je connais des médecins du service de radiothérapie qui pleurent tous les jours. Parce que, souvent, lorsqu'un médecin appelle le malade, trois ou quatre mois après avoir pris rendez-vous pour une radiothérapie, il apprend, par le biais de sa famille, qu'il est déjà mort », a-t-elle ajouté. Pourtant, selon notre « guide », plus de 50 % du budget des hôpitaux est destiné aux pathologies cancéreuses mais, sur le terrain, la réalité est tout autre. « Nous assistons à des ruptures répétées de médicaments anticancéreux sans parler des perturbations, sans précédent, touchant les services de radiothérapie, dont les machines sont pratiquement toutes en panne et souvent en même temps, pénalisant ainsi fortement les malades », a-t-il indiqué. Généralement, ces derniers se retrouvent avec des rendez-vous trop éloignés. « Cela hypothèque considérablement leurs chances de guérison », a-t-il précisé. Les médecins, les malades et les associations d'aide aux personnes atteintes de cancer estiment que la situation est insoutenable. « Les pouvoirs publics doivent intervenir et mettre fin au drame que vivent les malades cancéreux », dit une parente dont l'enfant est alité depuis plus de 6 mois. « Les responsables sont appelés à se pencher sérieusement sur ce dossier, à trouver des solutions, à réagir rapidement pour sauver des vies humaines », a-t-elle ajouté en insistant sur la nécessité de revoir la loi sur la vente et la distribution des médicaments antidouleur (morphine), car le patient rencontre de grandes difficultés pour se les procurer. Les différents services du centre sont complets, il y a des malades à même le sol. Le CPMC est surchargé et reçoit les malades des quatre coins du pays, il a augmenté la cadence de travail (H24 et 7j/7) pour essayer de les contenir. Certains médecins conseillent à leurs malades de faire leur radiothérapie à l'étranger. Selon un cancérologue, la norme d'une machine est de 400 malades par jour. Or, au CPMC, celle-ci est exploitée à 200 %, c'est-à-dire qu'une machine traite 700 à 800 malades. A cela, s'ajoutent les accompagnateurs qui transitent par ce centre. « Allez gérer tout ce flux, nonobstant le fait que les malades viennent avec leur série de problèmes, car il faut héberger celui qui vient de l'intérieur du pays, et on n'a pas les moyens de le faire, la situation est saturée », a-t-il indiqué. Dans le même sillage, il estime que l'intervention des autorités publiques est sollicitée pour prendre en charge les catégories démunies qui ne sont pas assurées par la sécurité sociale. Pour le coût de la prise en charge d'un patient, le médecin indique que, « le prix du traitement complet de la radiothérapie, qui dure un mois et demi à deux mois, sur plusieurs séances, est de 4.000 à 5.000 euros, quand cela est possible. Encore une fois, ce qui nous intéresse c'est que le malade soit pris en charge, l'essentiel c'est que l'on puisse le soigner ».