Ni le froid ni la faim ne semblent avoir raison des sans domicile fixe dont le nombre est sans cesse en hausse à Oran. Il n'existe pratiquement plus un coin de la ville qui soit à l'abri de la prolifération de ces SDF : de M'dina Jdida au boulevard Loubet en passant par la place du 1er-Novembre, la place Garguentah ainsi que les gares routières et ferroviaires, plus aucun espace n'échappe au squat de ces personnes, composées de femmes, de mères célibataires, de vieux et d'adolescents qui semblent narguer l'existence avec un stoïcisme qui frise l'inconscience. Cette déplorable situation préoccupe les services de solidarité qui n'arrêtent pas de multiplier les dispositifs de soutien à ces couches sociales. Ainsi et selon les services de la DAS, près de 800 personnes sans domicile fixe ont été « ramassées », l'année écoulée, à l'issue de différentes opérations des équipes de secours. Quatre centres sociaux ont été mobilisés à Oran, afin de les accueillir au chaud et leur fournir gîte et nourriture. Mais les centres pour personnes âgées de Haï Es-Salem, de Diar Er-Rahma, d'El-Hamri, ainsi que le SAMU social qui sont censés leur apporter assistance et réconfort sont désertés par les sans-abri qui, paradoxalement, leur préfèrent la rue. A peine les ont-ils évacués dans ces foyers que les équipes d'intervention les rencontrent, de nouveau, au centre-ville, près des gares routières et ferroviaires... Selon les responsables de la DAS, il serait très difficile de s'occuper de cette frange particulière de la population, car elle ne fournit aucun effort pour aider ses services dans sa prise en charge : « Lors de la saison froide, nous multiplions les opérations de ramassage, en collaboration avec les services de la Protection civile, ceux de l'ordre public et le SAMU, mais c'est comme si nous remplissions un récipient troué. Les SDF rebondissent toujours dans la rue. » Généralement, après l'opération de ramassage, une commission multisectorielle se charge de l'étude des dossiers des SDF pour décider des mesures à prendre, entre renvoi des fugueurs dans leurs wilayas d'origine, admission des malades mentaux à l'hôpital psychiatrique de Sidi Chami ou accueil des vrais nécessiteux dans les foyers sociaux. A signaler que le comité d'Oran du Croissant-Rouge algérien participe à ces campagnes en offrant, quotidiennement, quelque cent repas aux démunis. Enfin, la Direction de l'action sociale de la wilaya d'Oran a lancé une enquête sur le terrain pour recenser aussi bien les mendiants que les SDF qui sillonnent les rues de la ville, afin d'établir un fichier dans lequel sont enregistrés les véritables nécessiteux et les « pauvres » qui font de la mendicité une profession. Ces derniers, malgré le passage de certains parmi eux devant les juges, ne semblent pas avoir été dissuadés puisqu'ils continuent toujours de hanter les rues de la ville.