Un stock de bonbonnes qu'elles ont constitué pour faire face à d'éventuelles pénuries pouvant affecter la région. Il faut dire que depuis la crise du gaz butane connue en février dernier par les habitants de la wilaya de Tipasa, du moins par ceux dont les foyers n'ont pas encore bénéficié de gaz de ville, stocker les bouteilles de gaz est devenu un acte ordinaire. Et pourtant ce reflexe, plutôt « ce geste qui sauve », comme le soutient un villageois de la commune montagneuse de Menaceur, n'a pas été dans un passé récent monnaie courante, même dans les localités les plus reculées. « A la différence du littoral, chez nous, à Menaceur, les hivers se ressemblent. Ils sont invariablement caractérisés par un froid glacial. Si la neige ne tombe pas dans le village, elle couvre constamment les cimes des massifs qui nous ceinturent. Néanmoins, on s'est toujours organisés comme on peut dans avant l'hiver pour que nos familles s'approvisionnent régulièrement en gaz butane. Seulement, l'hiver dernier, on a fait face à une crise sans précedent. Il nous est même arrivé de chercher du bois pour nous réchauffer et préparer à manger » déplore Bilal, un villageois. Le recours par certaines familles de Menaceur au bois pour se réchauffer ne se justifie pas, selon Abdellah, un habitant de la région. « Malheureusement, la rareté du gaz butane en hiver a été accentuée par une spéculation sans précédent, à telle enseigne qu'il est des prédateurs qui proposèrent la bouteille de gaz cinq fois son prix. Devant cette flambée des prix, de nombreux pères de famille, pris au dépourvu, s'étaient résignés à l'acheter ou bien à pallier le manque de ce produit par le bois » révèle-t-il. A l'instar de ces deux interlocuteurs, de nombreux pères de famille apostrophés sur ce sujet dans la wilaya de Tipasa sont déterminés à prendre les précautions requises pour ne revivre ce genre de calvaire et, partant, être la proie des spéculateurs. « Il est des opportunistes qui, au lieu d'injecter leurs grosses fortunes dans des projets d'investissement générateurs de richesses et d'emplois, préfèrent attendre le moment propice pour lancer pour ainsi dire des OPA sur d'énormes quantités d'un tel produit afin d'imposer sur le marché leurs prix exorbitants et se remplir davantage les poches. Cette démarche de prédateur a touché l'hiver dernier la bouteille de gaz butane, d'où son prix dépassant tout entendement. Je crois que maintenant la leçon est retenue par tout le monde. Il n'est pas question de laisser ces vampires polluer le circuit de commercialisation du gaz butane cette année. Plus jamais ça », s'offusque un citoyen de Hadjout. « Il n'est plus question que le citoyen revive la crise de l'hiver dernier » A priori, des mesures sont d'ores et déjà prises par les pouvoirs publics, notamment les collectivités locales, pour faire face à toute éventuelle crise future de gaz butane. A ce propos, Boulahia Aïssa, chef de la daïra de Hadjout où justement est implanté le centre enfûteur de Naftal qui fournit toutes la région en gaz butane, indique qu'« il n'est plus question que le citoyen revive l'épisode du mois de février dernier marqué par une perturbation en termes de disponibilité du gaz butane. Pour prévenir toute crise, les pouvoirs publics ont pris les dispositions requises pour que la demande soit suffisamment satisfaite ». A ce titre, il révèle qu'une commission de gestion et d'organisation en approvisionnement des foyers en gaz butane a été installée au niveau de sa circonscription sur instruction du wali de Tipasa. « Cette semaine (semaine dernière), nous avons tenu une réunion avec les responsables de la direction de l'énergie et des mines de Tipasa, des représentants de Naftal notamment, pour peaufiner un plan d'action visant la gestion de l'approvisionnement des citoyens en gaz butane. Cela passe évidemment par une organisation efficace des points de vente dont on dispose ainsi que le transport régulier des bouteilles de gaz à travers toutes les localités relevant de notre daïra », dira M. Boulahia. Et d'ajouter : « Je tiens à rassurer les citoyens que le gaz butane est largement disponible et il en sera de même pendant tout cet hiver, période coïncidant toujours avec une forte demande exprimée sur ce produit. Aussi, nous avons mis tous les moyens nécessaires pour que le circuit de commercialisation ne soit pas perturbé par la spéculation ». A Menaceur, les choses semblent évoluer dans le même sens. A en croire le secrétaire général de l'APC, Bouchireb Abdenour, il n'y aura pas de crise de gaz butane au cours de la période hivernale. « Nous avons identifié toutes les causes ayant induit la pénurie de l'hiver dernier. Premièrement, tout le monde était pris au dépourvu lors de la tempête de février, car les dispositions ordinaires prises dans le passé afin de permettre un approvisionnement normal de la commune en matière de gaz butane, se sont avérées, devant la forte demande, inefficaces. Deuxièmement, notre circonscription, en majorité constituée de régions rurales, abrite de nombreux poulaillers qui nécessitent énormément de gaz pour le chauffage de leurs installations. Cela augmente de facto la demande sur ce produit. En dernier, certaines routes couvertes par d'épaisses couches de neige étaient impraticables, d'où l'impossibilité d'acheminer le gaz vers les zones isolées », énumère-t-il. Alors, pour juguler ces problèmes, le SG de l'APC de Menaceur affirme que des mesures ont été déjà prises et d'autres sont en voie de l'être. « Au niveau du chef-lieu de notre daïra, à savoir Sidi Amar, un grand dépôt de gaz sera prochainement installé. Cet espace, qui sera approvisionné depuis le centre de Naftal de Hadjout, fournira, à son tour, les trois communes de notre daïra, en l'occurrence Nador, Sidi Amar et Menaceur, en gaz butane. Ainsi on optimisera l'acheminement de transport du gaz butane. Car, au lieu de s'alimenter de Hadjout, il suffit aux opérateurs des trois communes de se déplacer à Sidi Amar, d'où l'efficacité de cette disposition. Aussi, les éleveurs de volailles de la région signeront des conventions directement avec Naftal pour qu'elle leur fournisse de grandes bouteilles de gaz à même de fonctionner tout un mois. Cette dernière mesure diminuera substantiellement la demande locale en gaz butane. A celles-ci s'ajoutent d'autres mesures allant dans le sens de bien organiser l'approvisionnement. En somme, on est prêt techniquement à faire face au plus rude des hivers », conclut-il. Par ailleurs, un propriétaire d'un dépôt de gaz butane à Hadjout a tenu à dire que « si l'offre est suffisante on voit mal comment des gens puissent spéculer sur la bonbonne de gaz. Je crois que la leçon de l'hiver dernier est retenue et normalement il n'y aura pas de pénurie à l'avenir ». C'est le vœu des citoyens.