« La violence en milieu scolaire est devenue un phénomène de santé publique ces dernières années. Intimidations, moqueries, violences verbale ou physique et autres humiliations sont des comportements qui reflètent le milieu dans lequel a évolué la personne qui s'adonne à ce genre de pratiques pour exprimer sa « révolte » a indiqué M. Ali Ben Ali Madjid, psychologue clinicien. Selon le spécialiste, il est important de faire « la différence entre l'agressivité et la violence ». Il explique : « L'expression d'une agressivité ne constitue pas une pathologie. Au contraire, chacun de nous est agressif dans la mesure où c'est un comportement constructeur ». « C'est, par contre, la violence qui est au fait un vrai problème si ce n'est une complication », a-t-il ajouté. Selon lui, quand on parle de la violence de l'écolier, il faut remonter aux sources et à l'origine de ce comportement pour analyser ce qui l'a réellement poussé à se conduire ainsi. « L'enfant n'est pas violent mais le devient. Il y a un rapport avec son vécu et la façon dont il a été éduqué. L'enfant reproduit exactement le schéma qui lui a été inculqué dans son environnement et c'est tout à fait normal étant donné qu'il n'est pas fautif » explique M. Ali Ben Ali, ajoutant que « la faute incombe aux parents et aux enseignants ». Evoquant la violence de certains instituteurs, le spécialiste a précisé que leur comportement est du à « leur incapacité de gérer leurs problèmes personnels. C'est ce qui engendre en eux une frustration, cette frustration génère une agressivité qui, si toutefois elle n'est pas gérée, devient incroyable et se transforme en violence ». Pour lui, même le contenu du programme pédagogique, la pression dans le milieu professionnel et celle du foyer, sont autant de facteurs qui poussent l'enseignant à réagir mal. « Avant toute chose, un enseignant doit avoir des connaissances sur la psychologie pour se rapprocher de ses élèves et les aider à surmonter leurs épreuves », dira M. Ali Ben Ali. Et de poursuivre : « Le rôle de l'enseignant est de canaliser et gérer les enfants, les inciter à s'exprimer pour que ces derniers, confiants, puissent lui faire part de leur doléances aussi bien sur le plan pédagogique que familial ». Selon M. Ali Ben Ali, la violence s'est propagée dans le milieu scolaire parce que celui-ci ne joue plus son rôle de « contenant ». « L'absence d'un psychologue à l'intérieur de chaque établissement scolaire est une défaillance », selon le spécialiste. Pour lui, au cas où les parents faillissent à leur tâche, les enseignants peuvent rattraper l'échec à travers une bonne communication, l'instauration de programmes et d'activités en faveur des écoliers en matière de sport et de loisir pour apaiser, un tant soit peu, le sentiment haineux, l'excès d'agressivité et par-dessus tout la violence.